Ce jeudi 7 Janvier, Veolia a détaillé son projet d’offre pour racheter Suez, estimant avoir franchi ainsi une nouvelle étape dans le rapprochement "inéluctable" des deux rivaux.
L'annonce de Veolia relance un feuilleton entamé fin août et qui a vu les directions des deux géants français de l'eau et des déchets s'affronter publiquement pendant plusieurs mois, en pleine crise sanitaire et économique Veolia a acquis l'an dernier 29,9% de Suez auprès d'Engie et compte lancer une OPA sur les 70,1% du capital qui ne sont pas en sa possession. Un projet jugé hostile par Suez.
Cette proposition formelle transmise au conseil d'administration décrit l'ensemble des éléments du projet industriel, du projet social et des conditions financières que Veolia proposera lors du dépôt effectif de l'offre, jeudi soir, le conseil d'administration de Suez a accusé réception du courrier dans un communiqué et examinera le document reçu.
L'Offre
Dans une lettre de six pages adressée au président du conseil d'administration de Suez, Philippe Varin, reprend les promesses du groupe sur les plans industriel et social.
Elle est également accompagnée d'un prospectus détaillant l'offre envisagée mais ce dernier n'a pas encore été déposé auprès du régulateur boursier, l'AMF (Autorité des Marchés Financiers).Pour financer cette acquisition à plus de 10 milliards (hors reprise de dette), Veolia s'est engagé à ne pas lancer une augmentation de capital supérieure 2 milliards d'euros.
Antoine Frérot , le PDG de Véolia franchi une nouvelle étape dans le but de réaliser ce projet et permet également au actionnaire de Suez de prendre connaissance officiellement de l'ensemble des modalités de cette offre. La lettre reprend les promesses du groupe sur les plans industriel et social. Elle défend également une offre à 18 euros par action ce qui pourrait séduire les actionnaires de l'entreprise.
L’hostilité de Suez
Ce projet est jugé hostile par Suez et le dossier s'est largement déplacé sur le terrain judiciaire ces derniers mois avec de multiples procédures en cours.
Le PDG de Veolia Antoine Frérot a cependant jugé lors d'une conférence de presse que le rapprochement était "inéluctable" et deviendrait "irréversible" après l'approbation des actionnaires. Il espère boucler ce projet d'ici 9 à 15 mois.
L'unique obstacle à la réalisation de l'offre de Veolia est l'attitude du conseil d'administration de Suez qui joue contre les intérêts de ses propres actionnaires. De plus la question sur le devenir de l'activité Suez Eau France que Véolia entend céder au fonds Meridiam ne joue pas en leur faveur. Suez a également placé son activité Eau France dans une fondation de droit néerlandais pour en gêner la cession, une manœuvre qui constitue l'un des contentieux juridiques en cours.
L'intersyndicale de Suez s'est également de nouveau opposée jeudi au projet qui n'a qu'un objectif pour eux masquer la destruction de son principal concurrent au prix d'une casse sociale inévitable estiment les syndicats dans un communiqué.
De nombreuses discussions à prévoir
A la Bourse de Paris, l'action Veolia avançait dans les premiers échanges de 1,79% à 21,02 euros. Le titre Suez pourrait progresser pour sa part de 1,59% à 16,87 euros.
Dans la lettre adressée au président du conseil d'administration de Suez, Philippe Varin, le PDG de Veolia Antoine Frérot se dit prêt à discuter sur trois points principaux :
Il propose de discuter de l'introduction d'une offre subsidiaire en titres et limitée en pourcentage qui bénéficierait notamment aux nombreux actionnaires communs et à tous ceux qui perçoivent clairement la valeur du projet industriel.
Concernant la cession envisagée de la division Eau France de Suez dans le cadre du rapprochement, Antoine Frérot avance une solution permettant d'avoir également une composante internationale pour l'ensemble cédé.
Antoine Frérot propose par ailleurs à la direction de Suez "une place et un rôle exemplaire" dans la conduite du rapprochement et l'inclusion de certains administrateurs de Suez au conseil d'administration de Veolia. En contrepartie, il demande à Suez de désactiver la fondation néerlandaise pour son activité Eau France et de s'engager à ne pas céder d'actifs stratégiques.
Le groupe Veolia souhaite qu'elle permette de rouvrir une discussion entre les deux groupes qui avait été esquissée au début du mois d'octobre.