L’équipementier automobile Valeo a annoncé un nouveau partenariat avec l’allemand Mercedes-Benz. Le français équipera, avec sa technologie LiDAR (Light Detection and Ranging) Valeo SCALA de deuxième génération, la nouvelle Mercedes-Benz Classe S qui peut aller jusqu’au niveau 3 de conduite autonome. Il s’agit d’un fait inédit puisque c’est le premier véhicule au monde qui sera équipé de cette technologie de conduite autonome de Valeo.
LiDAR de Valeo
La technologie LiDAR combine la télédétection et la télémétrie pour identifier la distance séparant un capteur d’un objet déterminé. Elle s’est imposée dans le secteur automobile dans le cadre du développement de la conduite autonome, avec un intérêt évident. Il s’agit en effet de permettre aux véhicules qui embarquent la conduite autonome de déterminer les divers obstacles à proximité et de calculer à quelle distance ils se retrouvent. Valeo s’est approprié cette technologie et a lancé son propre LiDAR en 2017, premier scanner laser 3D au monde produit en série. Si ledit système (produit en plus de 150 000 exemplaires) est déjà intégré à des véhicules commercialisés et qui répondent aux normes les plus drastiques en matière de fiabilité, il faut noter que c’est une nouvelle génération de LiDAR Valeo qui équipera la nouvelle Mercedes-Benz.
La fameuse Classe S se déplacera en mode automatisé, de façon entièrement sécurisée, sur autoroute et même en cas de forte densité pour le trafic routier. Il pourra rouler jusqu’à 60 km/h, ce qui correspond à la limite actuelle imposée par la réglementation. Il s’agit donc d’une autonomie de niveau 3 (Full Self-Driving) qui gère à la fois la vitesse, le volant, le maintien sur la voie, les distances et même des situations imprévues. Le conducteur n’a pas l’obligation de tenir le volant sauf s’il veut aller au-delà de 60 km/h.
Le fisheye au service de la conduite automatisée
Dans un souci d’améliorer la conduite automatisée, Valeo a lancé en novembre dernier un nouveau projet. Dénommé WoodScape, du nom de l’américain Robert Wood, inventeur en 1906 de la caméra grand angle (fisheye ou œil de poisson), il s’agit de la première base de données accessible librement pour les caméras grand angle. L’objectif est de stimuler la recherche dans le domaine de la vision artificielle appliquée à la conduite et au stationnement automatisés. Pour Marc Vrecko, responsable chez Valeo de la branche Systèmes de Confort et d’Aide à la Conduite, il s’agit d’encourager les scientifiques à bâtir des algorithmes de vision artificielle au profit des caméras grand-angle. Tout ceci, afin de soutenir les divers scénarios d’automatisation de voiture à basse et grande vitesse, dans le but d’améliorer la sécurité sur les routes.
La base de données en question est dotée de plus de 10 000 images. Elles ont été prises à travers tout le vieux continent par des véhicules dotés de capteurs Valeo, grâce à quatre caméras automobiles à vision périphérique. Comme pour le partenariat avec Mercedes-Benz, il faut souligner que ce nouveau projet est aussi inédit. Actuellement, la plupart des bases de données publiques sont seulement dotées de caméras à champ de vision réduit. Les quelques rares qui proposent des bases de données automobiles à usage public ne proposent que trois ou quatre tâches pour les recherches d’images. Or, les 10 000 images disponibles sur WoodScape sont associées à diverses tâches comme la détection 2D d’objets, la détection de salissures ou encore l’odométrie visuelle et la conduite de bout en bout. La société Valeo a construit le dispositif le plus abouti de l’industrie automobile en matière de capteurs à ultrasons, des radars et des caméras.
Leader français des brevets
Dans un classement inédit publié cette année par l’Institut National de la Propriété Intellectuelle, l’équipementier Valeo s’est positionné comme premier déposant français dans le monde avec 1913 brevets publiés sur l’année 2019, dont plus de la moitié en France. L’année suivante, la société a aussi atteint la troisième place du podium des déposants de brevets en France. Grâce à 819 demandes de brevet déposé en 2020, elle dispose désormais d’un portefeuille de près de 35 000 brevets à travers le monde, ce qui lui permet de protéger ses diverses innovations. Le PDG de Valeo, Jacques Aschenbroich, a estimé dans un commentaire que ce classement témoigne de la stratégie de la société qui a pour cœur une très grande capacité à innover.
Notons que les brevets de Valeo couvrent des domaines variés, allant par exemple des systèmes d’électrification de type 48V qui équipent les nouveaux ou petits engins destinés au déplacement comme les droïdes, les vélos ou encore les trois roues électriques. À cela s’ajoutent des systèmes de climatisation intelligents destinés surtout aux véhicules électriques, mais aussi les systèmes d’assainissement de l’air qui circule au sein de l’habitacle.
Ces diverses innovations sont soutenues par un investissement important. L’année dernière, Valeo a ainsi consacré 1,66 milliard € à sa branche recherche et développement, ce qui représente 12 % de son chiffre d’affaires sur le marché de première monte. C’est ce qu’un classement du cabinet fDi illustre, en rapportant que la société a été la seule entreprise du secteur industriel automobile, en dehors de Tesla, à ne pas réduire ses dépenses liées à la recherche et au développement, parmi le top 100 mondial des investisseurs.
Hausse du bilan financier cette année
Valeo ne s’illustre pas seulement dans les innovations. Grâce à ces dernières au contraire, son bilan financier est en amélioration. La société a ainsi enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 15 % pour les neuf premiers mois de l’année. Les deux premiers trimestres ayant permis de compenser un troisième trimestre où les revenus de l’entreprise ont baissé de 10 % pour s’établir à 3,96 millions €. Cette contre-performance au cours de la période de trois mois qui s’est achevée le 30 septembre est liée à une diminution de 18 % de la production automobile, alors que, sur l’ensemble des trois premiers trimestres de l’année, cette production automobile est en hausse de 11 %.
Malgré tout, la société compte toujours générer un cash-flow libre compris entre 330 et 550 millions € pour l’exercice. L’objectif fixé en matière de réduction des émissions de C02 en 2021 est également maintenu, ainsi que les autres engagements à plus long terme concernant le développement durable, à en croire les propos du PDG. Pour Jacques Aschenbroich, la gestion rigoureuse des coûts de l’entreprise lui permet en outre de resserrer sa fourchette pour la marge de l’EBITDA. Il devrait désormais s’établir à 13 % du chiffre d’affaires ou grimper jusqu’à 13,4 %, en nette amélioration par rapport à 2019.
Tous ces développements ne rendent l’action Valeo que plus attrayante pour les investisseurs. Actuellement négociée à 26,79 euros, elle a un potentiel de croissance qui peut lui permettre de lorgner la barre des 30 euros alors que ses perspectives pour le long terme dépendent forcément des tendances dans le secteur automobile.