Le cours de l’action Total a bien progressé le 29 mars à la bourse de Paris. Il est passé de 39,120 € à l’ouverture des échanges pour se négocier à 39,745 € à la fermeture, soit une augmentation de 1,5 %. Le cours s'est stabilisé autour des 40€ depuis. Le marché réagit ainsi à l’annonce des juteux contrats décrochés par le groupe français en Irak.
Plusieurs milliards de dollars en passe d’être investis
Dans un communiqué publié lundi, le ministère irakien du Pétrole a annoncé la signature de quatre protocoles d’accord avec le géant pétrogazier français Total. Les discussions précédant ce nouveau partenariat étaient en cours depuis octobre 2020, mais ce n’est qu’à l’occasion d’une visite récente de Patrick Pouyanné, PDG de Total, que les négociations ont pris un tournant décisif avec la signature de divers protocoles d’accord. Il ne reste désormais que les approbations nécessaires, dont celle du gouvernement réuni en conseil des ministres pour boucler les contrats.
L’investissement de plusieurs milliards de dollars en passe d’être réalisé en Irak porte sur différents projets qui couvrent tous les secteurs d’activité de la compagnie. On note ainsi la construction d’une usine de traitement d’eau de mer pour optimiser la production pétrolière. À cela s’ajoutent le développement de plusieurs champs de gaz naturel, l’augmentation des capacités de production d’un champ pétrolier et enfin, la construction d’une centrale solaire afin de produire de l’énergie électrique.
Si aucun calendrier n’a été fourni quant au déroulement des activités, le ministère a indiqué que ces projets seront les plus importants auxquels le pays sera confronté cette année. Cela laisse supposer que les travaux débuteront au cours des prochains mois et soutiendront, les efforts du pays pour améliorer sa situation économique. Cet optimisme tient en effet à l’envergure des projets qui seront bientôt mis en œuvre dans le sud du pays.
Augmenter la production de pétrole
Le premier projet porte sur le dessalement d’eau de mer que l’Irak tente de mettre sur pied depuis 10 ans sans succès tangible. Il s’agira de traiter l’eau salée pour éliminer d’éventuels sulfates avant de la réinjecter dans les puits pétroliers afin de stimuler la pression du champ et ainsi, permettre à l’or noir de remonter à la surface. En général, cette opération favorise le maintien de la cadence de production afin d’exploiter le réservoir de pétrole sur une durée plus longue.
C’est une partie des objectifs de l’Irak, car, en dehors du niveau de production, le gouvernement veut également tirer autant que possible profit de ses vieux champs pétroliers. Notons que dans la phase initiale, Total devra mettre en place une capacité de traitement journalière de 2,5 millions de barils d’eau de mer. Si l’investissement nécessaire pour ces travaux n’a pas été divulgué, il faut rappeler qu’un contrat similaire a été attribué en 2019 au sud-coréen Hyundai Engineering and Construction. Le contrat s’élevait à 2,45 milliards de dollars et tablait sur la fourniture journalière de 5 millions de barils d’eau de mer pour l’injection dans les champs pétrolifères.
L’Irak prévoit aussi le développement du champ d’Artaoui, afin d’en tripler à terme la capacité de production. De 20 000 barils par jour actuellement, cet actif doit en effet être capable de livrer de façon journalière 200 000 barils, indique le ministère. Toujours dans le but d’accroître la production nationale de pétrole, Total investira dans les champs pétroliers de West Qurna 2, Tuba, Luhais et Majnoon.
Investissements dans le gaz et l’électricité
Un protocole d’accord a été signé entre Total, Basra Oil Company et la South Gas Company. Ces derniers ont convenu d’exploiter les gisements pétroliers énumérés ci-dessus pour y extraire également du gaz naturel qui est brûlé en pure perte actuellement. Le projet s’étend sur deux phases et consistera dans un premier temps pour Total à construire des installations de traitement dans les champs d’Artaoui, de West Qurna-2 et de Majnoon.
Ces trois actifs auront une capacité de production journalière combinée de 300 millions de pieds cubes. La deuxième phase permettra d’étendre la production à 600 millions de mètres cubes avec l’intégration des champs de Bassora. Ces différents travaux serviront non seulement à accroître l’approvisionnement du réseau national en gaz pour générer de l’électricité, mais permettront aussi de produire de l’énergie avec d’autres produits gaziers comme le gaz liquéfié ou le condensat.
Enfin, Total s’est engagé à développer les capacités de production d’électricité renouvelable de l’Irak grâce à son expertise dans le domaine. Le groupe français pilotera un projet visant à installer et exploiter une centrale solaire capable de produire 1 000 mégawatts d’énergie.
Pour rappel, ce n’est pas le premier investissement de Total en Irak, car le groupe est actif dans le pays du Moyen-Orient depuis les années 1920, soit environ un siècle de présence et d’activité.
Pendant ce temps au Mozambique…
L’attribution des contrats en Irak a certainement fait du bien au moral de la compagnie, car elle rencontre de grosses difficultés sur un autre théâtre d’opérations. Samedi 27 mars, deux jours avant l’annonce du ministère irakien du Pétrole, le groupe a subi un nouveau revers au Mozambique. Des combattants djihadistes ont en effet pris le contrôle de la ville de Palma, située à environ 25 km des installations du gigantesque projet de gaz naturel liquéfié que Total pilote dans le pays.
Cette nouvelle offensive a commencé mercredi 24 mars, le même jour où la compagnie a annoncé le redéploiement de son personnel afin de continuer le développement du projet. Ces derniers mois, les djihadistes ont multiplié les attaques contre des zones proches du projet, bien décidées à empêcher le début de la production prévue pour 2024. Vu les difficultés de l’État mozambicain a assuré une protection efficace du site et donc du personnel, Total a de nouveau évacué ses employés. Tout n’est cependant pas perdu, car le gouvernement mobilise différents partenaires pour essayer de contrer la menace djihadiste.
La Tanzanie a ainsi apporté son soutien à Maputo, de même que les États-Unis. L’ambassade a en effet annoncé il y a quelques jours le lancement d’un programme de formation dénommée « Joint Combined Exchange Training », qui permettra d’outiller les soldats mozambicains sur les techniques de lutte contre les combattants islamistes.
Il faut espérer que ces différents soutiens aideront le pays à arrêter la spirale de violence qui a déjà fait plus de 2 500 morts dans la zone et obligé des centaines de milliers d’habitants à fuir.