Sanofi – Le groupe multiplie les partenariats assurer son futur

Sanofi – Le groupe multiplie les partenariats assurer son futur

Depuis quelques semaines, le laboratoire français enchaine les annonces de partenariats, signalant son retour au sommet après le douloureux épisode de l’échec initial du vaccin anti-Covid-19. Pour les analystes, l’entreprise présente un potentiel de croissance important, que devront confirmer les résultats financiers attendus dans les prochains mois.

Une multitude de partenariats

La dernière collaboration en date annoncée par Sanofi porte sur le développement de cibles en oncologie, immunologie et inflammation, par le biais d’une plateforme de production d’anticorps IgM en exclusivité avec l’américain IGM Biosciences. Selon les détails publiés le 29 mars, il s’agit de créer, de développer, de fabriquer et de commercialiser ensemble, une toute nouvelle classe d’agents thérapeutiques tirant profit des caractéristiques des anticorps IgM agonistes et multivalents visant trois cibles dans la lutte contre le cancer et trois autres en immunologie/inflammation.

Pour l’utilisation de la technologie de la biotech américaine, Sanofi devrait verser initialement 150 millions de dollars à IGM Biosciences, puis des paiements échelonnés dépassant au total 6 milliards de dollars tout au long du processus de développement-fabrication-commercialisation.

Le 16 mars, Sanofi s’est déjà signalé dans la lutte contre le cancer à travers un accord exclusif de collaboration avec un autre groupe américain, en l’occurrence Seagen. Les deux sociétés ont convenu de collaborer pour concevoir, développer et commercialiser des conjugués anticorps-médicament (ADC) contre jusqu’à trois formes de cancer. Pour y arriver, elles s’appuieront sur des technologies exclusives, notamment les anticorps monoclonaux pour Sanofi et l’ADC de Seagen.

Pour John Reed, le directeur Monde de la Recherche et Développement à Sanofi, la collaboration offrira aux deux partenaires la possibilité de faire des combinaisons de molécules et de plateformes pour réussir des synergies permettant de produire des candidats-médicaments. Ces derniers, précise-t-il, redonneront de l’espoir aux patients et familles de patients atteints d’un cancer. Notons que Sanofi et Seagen financeront à parts égales les activités de recherche et développement et partageront les bénéfices ensemble.

Le dernier accord important signé le mois dernier par Sanofi a été annoncé le 15 mars. Le laboratoire français a»  convaincu les fonds gérés par la société Blackstone Life Sciences (BXLS) d’investir 300 millions d’euros afin d’intensifier la mise en œuvre d’un programme visant à produire un médicament pour le traitement du myélome multiple.

En échange de son soutien, BXLS devrait partager les redevances provenant des ventes de la solution, en cas de succès dans le développement du produit. Selon John Reed, cette collaboration avec Blackstone Life permettra à l’entreprise d’offrir plus vite aux patients une solution pour l’injection sous-cutanée de son anticorps anti-CD38.

Introduction en bourse de la filiale Euroapi

Dans le sillage de ses multiples collaborations, Sanofi a fait part le 18 mars d’un projet de cotation de sa filiale Euroapi. Sous réserve de l’approbation des actionnaires lors d’une assemblée générale prévue le 3 mai, l’introduction en bourse sur Euronext Paris aura lieu le 6 mai. Euroapi est une filiale de Sanofi spécialisée dans les principes actifs pharmaceutiques et la maison mère estime que l’indépendance et l’autonomie lui permettront de relever son plein potentiel.

Après l’entrée en bourse, Sanofi a l’intention de conserver 30 % d’intérêts dans sa spin-off, aux côtés d’un autre actionnaire majeur, à savoir l’État français. À travers le fonds d’investissement French Tech Souveraineté contrôlé par Bpifrance, le gouvernement souhaite injecter jusqu’à 150 millions d’euros dans Euroapi afin d’en acquérir 12 %. Sanofi et l’État ont convenu de conserver leurs participations respectives pendant au moins deux ans, ce qui en fait des partenaires stratégiques à long terme pour l’entreprise.

L’investissement de l’État s’explique par une volonté d’assurer l’autonomie du pays en principes actifs tout en réduisant la dépendance vis-à-vis de l’Asie. Alors que la pandémie de Covid-19 a montré les limites de cette dépendance, la France veut soutenir une entreprise nationale disposant de six sites de production installés dans toute l’Europe. Numéro 2 mondial dans le domaine des principes actifs pharmaceutiques, Euroapi en produit environ 200 pour le compte de 530 clients présents dans 80 pays à travers le globe. Elle vise un chiffre d’affaires d’environ 1 milliard d’euros cette année.

Vers une nouvelle licence pour le Dupixent aux États-Unis

Dupixent

Cette semaine, Sanofi a annoncé l’accord du régulateur américain pour l’examen en priorité de sa demande de licence de produit biologique supplémentaire concernant le Dupixent 300 mg. La Food and Drug Administration doit dire dans une décision attendue le 3 août prochain si le traitement peut être utilisé une fois par semaine par les adultes et les enfants âgés d’au moins 12 ans pour lutter contre l’œsophagite à éosinophiles.

Il s’agit d’une maladie évolutive et chronique touchant 160 000 personnes aux États-Unis et pour qui le produit de Sanofi devrait être le « premier médicament biologique disponible » contre leur mal sur le territoire américain. Pour rappel, les différentes versions du Dupixent devraient permettre à Sanofi de générer, à terme, un chiffre d’affaires de plus de 13 milliards d’euros. Plus d’une dizaine de médicaments sont en cours d’expérimentation et Sanofi s’attend à obtenir les résultats de 17 essais cliniques d’ici décembre 2024.

Émission obligataire de 1,5 milliard d’euros

Sanofi a annoncé le 31 mars la réussite d’une émission obligataire en deux tranches visant à lever 1,5 milliard d’euros. Dans le cadre de ce financement, elle a innové en associant un indicateur de développement durable à l’une des tranches d’un montant de 650 millions d’euros. L’indicateur en question concerne l’amélioration de l’accès des populations des pays à revenu faible et intermédiaire à des médicaments essentiels.

Arrivant à échéance en avril 2029 avec un taux d’intérêt annuel de 1,250 %, le premier financement implique en effet pour Sanofi de fournir des médicaments essentiels à 1,5 million de personnes dans 40 pays pauvres sur le globe, à partir de cette année et jusqu’en 2029. Pour Jean-Baptiste de Chatillon, directeur financier de Sanofi, ce type d’obligations est la contribution du groupe au développement du marché de la finance durable. Il intervient un an après les lignes de crédit renouvelables mises en place par le laboratoire et également associées à des indicateurs de développement durable. Notons que la seconde tranche du financement est de 850 millions d’euros, avec une échéance fixée à avril 2025, ainsi qu’un taux de 0,875 %.

Perspectives 2022

Malgré une année 2021 marquée par une croissance de 7,1 % du chiffre d’affaires à taux de change constant (37,76 milliards d’euros), Sanofi a quand même déçu les investisseurs avec son échec au niveau du vaccin anti-Covid-19. Cependant, elle affiche en ce début d’année des indicateurs prometteurs, qui en font un actif de premier plan. De plus, la société fait partie de ces multinationales françaises peu exposées à la Russie et à l’Ukraine et ses perspectives pour 2022, dont un bénéfice net par action des activités 2022 en croissance « low double-digit ».