La Française des jeux a fêté cette semaine le deuxième anniversaire de son entrée en bourse. À l’heure d’un nouveau bilan, force est de constater que les actionnaires de la société ont touché le jackpot sur les 24 derniers mois, entre cours de l’action qui s’est envolée et dividendes versés de façon régulière et généreuse. L’action patine pourtant depuis quelques semaines et l’investisseur indépendant peut se demander si elle est toujours attractive.
150 % de rendement en deux ans
À l’automne 2019, précisément le 21 novembre 2019, la Française des jeux (FDJ) est devenue une société cotée sur le marché Euronext. Nombreux sont les Français (un demi-million environ) qui ont soutenu cette introduction en bourse en souscrivant une bonne partie des actions de la société émises alors par l’État et représentant au total 52 % du capital de la FDJ. Au bout de deux ans, ces investisseurs individuels peuvent se féliciter d’avoir eu le nez creux ou remercier leur conseiller financier d’avoir encouragé l’achat des titres de la FDJ à l’époque.
Contrairement aux investisseurs institutionnels, les particuliers qui ont flairé une bonne affaire ont en effet pu acheter les actions FDJ avec une décote de 2 %, soit 19,50 euros l’action, contre 19,90 euros pour les investisseurs institutionnels. Le 19 novembre 2021, le prix de l’action de l’entreprise a approché les 43 euros, soit une fulgurante envolée de 120 %, bien loin des standards sur les places boursières européennes.
Sur la même période en effet, le CAC 40, indice principal de la bourse de Paris, n’a enregistré qu’une augmentation de 20 %. Pendant ce temps, le S&P 500 a « seulement » progressé de 51 %. Mais la bonne opération ne s’arrête pas à cette fortune virtuelle que les actionnaires ne peuvent toucher seulement en se séparant de leurs titres. Au moment de son introduction en bourse, l’entreprise qui appartenait jusqu’alors à l’État a en effet promis de distribuer chaque année 80 % de ses bénéfices sur la période 2020-25 aux nouveaux investisseurs qui détiennent désormais jusqu’à 52 % de son capital.
Malheureusement, en raison de la pandémie de Covid-19, l’État a forcé l’entreprise à faire preuve de tempérance. Il eût été malvenu que la FDJ, dans laquelle le gouvernement demeure quand même le premier actionnaire, distribue à tout va de l’argent alors que ce même gouvernement exhortait les entreprises privées à la retenue à cause de la crise financière traversée par la majorité de la population. Finalement, la Française des jeux n’a donc distribué que la moitié de ses bénéfices l’année dernière, pour le compte de l’exercice 2019. Chacun des actionnaires a donc pu recevoir 0,45 € par action détenue.
Dernier motif de satisfaction enfin pour les investisseurs, la FDJ a procédé à une distribution gratuite d’actions en mai dernier, pour ses actionnaires les plus fidèles. Pour ceux qui ont acheté un lot de 10 actions depuis l’introduction en bourse et les ont conservés pendant 18 mois, l’entreprise offre une action supplémentaire, pour un total de 2 777 526 actions gratuites distribuées au printemps dernier.
Des performances financières en hausse
L’une des raisons qui expliquent la bonne dynamique de l’action FDJ en bourse est la constante des bonnes performances enregistrées par l’entreprise dans ses activités. Pour l’illustrer, il suffit d’examiner les résultats financiers publiés le mois dernier par la société, pour le compte du troisième trimestre 2021. Sur les trois mois s’achevant au 30 septembre 2021, la Française des jeux a enregistré un chiffre d’affaires de 529 millions d’euros, en hausse de 5 % en glissement annuel. Pendant ce temps, les mises ont progressé de 4 % pour atteindre 4,5 milliards d’euros, alors que les mises réalisées uniquement en point de vente ont connu un rebond de 2 %. Cette dernière progression a été rendue possible, apprend-on, par la réouverture de l’ensemble du réseau au début du mois de juin, après les restrictions mises en place en pleine crise de coronavirus.
Pour Stéphane Pallez, PDG du groupe, la bonne reprise des activités de FDJ durant le deuxième trimestre a continué et l’entreprise peut être confiante quant à la réalisation de ses objectifs pour l’exercice annuel et sa stratégie de croissance durable.
Il faut noter que la performance est encore plus intéressante quand on compare les neuf premiers mois de l’année 2021 aux niveaux de 2019. On note ainsi un chiffre d’affaires en hausse de 8 % à 1,6 milliard d’euros, soutenu par des mises qui ont également augmenté (+9 %) pour se hisser à 13,7 milliards d’euros.
Pour rappel, la FDJ vise un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros pour l’exercice financier 2021. Pour y arriver, la société s’attend à des mises de 18,8 milliards d’euros.
Malgré ces belles performances, force est de constater que le titre FDJ stagne depuis quelque temps. Il a atteint un record à 51 € en juin dernier et depuis, il a du mal à progresser. Après avoir reçu les divers dividendes (0,90 euro par action cette année) et profitant de l’envolée du titre, certains investisseurs ont en effet vendu leurs titres pour entrer en possession de leur retour sur investissement. L’autre raison qui peut justifier la sous-performance du titre FDJ peut être le nuage noir qui plane depuis un moment sur l’entreprise, concernant la mise à disposition de certains droits par l’État.
Le gouvernement français est en effet appelé à expliquer et défendre l’octroi à la FDJ de droits exclusifs pour l’exploitation de diverses loteries et paris sportifs sur un quart de siècle. La société a obtenu ce juteux contrat en acceptant de verser « seulement » 380 millions d’euros, ce qui soulève des questionnements à Bruxelles. La Commission européenne se demande si cette transaction ne s’est pas faite en violation des règles qui encadrent les aides d’État aux entreprises. Elle a pour cela annoncé en juillet qu’une enquête serait lancée pour étudier le sujet, mais cela devrait prendre plusieurs mois. La plupart des analystes recommandent donc aux actionnaires de ne pas céder leurs titres, d’autres conseillant même d’en acheter davantage. Avec le titre en berne depuis plusieurs semaines, il faut dire que cela représente un pari intéressant d’acquérir des actions à bas prix, afin de les revendre peut-être plus cher dans quelques mois.
Récompensée pour son engagement pour l’égalité
La Française des jeux fait partie des entreprises qui font des efforts en faveur de l’égalité et de la diversité en entreprise. La société s’est ainsi vu récompenser en octobre dernier d’une quatrième place à la huitième cérémonie du Palmarès de la féminisation des instances dirigeantes des entreprises du SBF 120.
Pour le PDG de l’entreprise, l’accession de la FDJ pour sa première participation à la quatrième place de ce palmarès est satisfaisante. Selon lui, le classement témoigne de l’engagement du groupe à la question de l’égalité entre les femmes et les hommes.