La chute des prix du pétrole a débuté dès le début de l’année 2020, avec le ralentissement de la consommation chinoise dû aux mesures de confinement liées au coronavirus. L’or noir s’est littéralement effondré début mars, lorsque le COVID-19 a commencé à se répandre dans les pays occidentaux.
Les prix ont marqué leurs plus bas niveaux depuis 18 ans. Le WTI, le cours de référence du marché américain, est tombé jusqu’à 20 dollars. Le Brent est revenu sur des niveaux jamais atteints depuis 2002, à 22 dollars. Il s’agit là de prix presque intenables pour la plupart des acteurs du marché.
Cette chute des prix du pétrole est plus précisément occasionnée par 2 facteurs : la paralysie globale de l’économie à cause du coronavirus et le bras de fer entre l’Arabie Saoudite et la Russie portant sur la production de pétrole.
L’épidémie du coronavirus a considérablement ralenti les économies européennes et américaines, avec les mesures de confinement déployées dans presque tous les pays. Cela implique la fermeture temporaire de certaines usines et une baisse radicale de la consommation, notamment dans le secteur automobile et celui du transport aérien.
Une baisse sans précédent de la demande s’est donc établie au niveau mondial. Ce qui entraine logiquement une chute des prix. Mais cette baisse pouvait être mitigée par l’ensemble des pays producteurs de pétrole, à l’aide d’une baisse coordonnée de la production. Mais ce n’est toujours pas le cas.
Guerre des prix entre Riyad et Moscou et échec de la dernière réunion de l’OPEP
La dernière réunion de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à Vienne s’est soldée par un échec, qui a fait plonger davantage les prix du pétrole. Riyad avait d’abord milité pour une réduction de la production de 1,5 million de barils par jour. De façon logique, cette proposition a été acceptée par les autres membres, sauf la Russie qui a posé son veto et décidé de maintenir sa production actuelle. Cela a entrainé une chute de près de 10 % le vendredi 6 mars.
Mais c’est la réponse de Riyad qui va enfoncer les prix de plus de 26 % à l’ouverture des marchés le lundi suivant. Face au refus de Moscou, l’Arabie Saoudite annonce qu’elle va augmenter sa production à partir d’avril et baissera les tarifs pour ses clients, jusqu’à 8 dollars par baril.
Le but de cette manœuvre est sans doute de forcer la Russie à rejoindre sa cause en provoquant la chute des prix du pétrole et peut-être mitiger les effets de la crise actuelle, en gagnant de nouvelles parts de marchés.
Dans tous les cas, les mesures prises jusque-là creusent l’écart entre l’offre et la demande et ne laissent pas envisager une hausse considérable des prix du pétrole. Cependant, une nouvelle réunion de l’OPEP se profile et le marché y voit un début de sortie de crise.
Nouvelle réunion de l’OPEP dans un contexte tendu
Les prix du pétrole ont fait une forte hausse de près de 24 % le jeudi 2 avril, avec la possibilité d’une entente entre la Russie et l’Arabie Saoudite de réduire leur production.
C’est après un tweet du Président Donald Trump que l’or noir s’est apprécié. Il maintenait avoir eu une conversation avec le prince saoudien Ben Salmane, qui s’est lui-même entretenu avec Poutine. Il poursuit en disant qu’il « attend et espère qu’ils réduiront leur production de pétrole d’environ 10 millions de barils par jour, et peut-être significativement plus ».
Après cette annonce, le Brent a bondi de 25,3 $ à 36,2 $. Le brut léger (WTI) est passé de 20,8 $ à 27,5 $. L’Arabie Saoudite a par la suite appelé à une nouvelle réunion de l’OPEP, qui se tiendra le 9 avril. D’autres pays producteurs sont invités. Parmi eux, les États-Unis, le Brésil et le Canada.
L’objectif de Riyad est de parvenir à un accord de réduction de la production mondiale de manière collective, et non pas une réduction bilatérale entre l’Arabie Saoudite et la Russie.
Cependant, bon nombre d’analystes estiment qu’un accord reste peu probable. CNBC a rapporté que Victor Shum, vice-président du conseil en énergie chez IHS Markit, avait déclaré qu’il était « très peu probable que l’Arabie Saoudite accepte une réduction massive unilatérale ou même une réduction bilatérale avec la Russie ».
D’autant plus que Washington n’a pas demandé aux compagnies pétrolières américaines une réduction coordonnée de la production. Pour rappel, l’Arabie Saoudite et la Russie produisent chacune 10 à 11 millions de barils par jour.
Shum soutient même que le Brent pourrait chuter à 10 $ par baril en avril, pour rester à ce niveau de prix jusqu’en juin.
Bien que cette projection soit très pessimiste, il est évident qu’un maintien de la production mondiale actuelle fera chuter davantage les prix du pétrole, car la demande ne parvient pas à suivre. De toute façon, les producteurs seront forcés de réduire leur production, car le pétrole non consommé est stocké et il y a des limites de capacité de stockage.