Le 9 août, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat de l’ONU (GIEC) a publié un nouveau rapport alarmant sur le changement climatique. Il lève un nouveau coin de voile sur le désastre vers lequel la terre court quasi inexorablement depuis déjà plusieurs années à cause des activités humaines. Les prévisions sont catastrophiques et ils soulignent l’insuffisance des mesures adoptées jusqu’ici. Ils interviennent alors que le président Joe Biden a présenté récemment son nouveau plan pour les véhicules électriques.
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La hausse du niveau des mers, la fonte des glaciers au niveau des pôles, l’augmentation de la température au niveau des océans, mais aussi de l’air ambiant, voilà un petit échantillon des effets actuels du changement climatique présentés dans le rapport du GIEC. Les spécialistes indiquent ainsi que dans tous les cas de figure, la température mondiale devrait bien augmenter à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle. Cette hausse devrait se matérialiser vers 2023, peu importe les mesures prises, ce qui démontre le caractère irréversible de la situation et le point de non-retour atteint.
Si des solutions drastiques ne sont pas mises en place, d’autres scénarios plus sombres sont envisagés par le GIEC dont un cas de figure qui verrait l’humanité subir des températures entre plus de 3 °C et plus de 5 °C. En ce qui concerne le niveau des mers, il a augmenté de près de 220 cm depuis 1900, mais la hausse a été fulgurante au cours des 10 dernières années. Cela devrait se poursuivre et les océans gagneront un mètre de plus d’ici 2100 et jusqu’à 2 mètres en 2300.
Par ailleurs, les catastrophes naturelles subies actuellement par plusieurs États devraient s’intensifier et se multiplier dans les années à venir. Les inondations en Allemagne, en Belgique et dans le reste de l’Europe, mais aussi en Inde feront donc plus de dégâts aussi bien humains qu’économiques. Sans parler des incendies qui ravagent des localités entières dans plusieurs États des États-Unis. Les vagues de chaleur et leurs effets meurtriers sur les populations comme ce fut le cas au Canada il y a quelques semaines avec des températures atteignant près de 50 °C risquent donc de devenir courants.
Et ce tableau n’est issu que du premier volet du sixième rapport d’évaluation de l’institution onusienne dont la rédaction a démarré en 2017. Trois autres volets sont en effet attendus l’année prochaine, de même que le rapport de synthèse de toutes ces évolutions dangereuses qui guettent notre planète. Il urge de prendre des mesures audacieuses, non pour éviter la catastrophe qui est déjà à nos portes, mais pour en limiter les effets et tenter d’empêcher la survenue d’autres catastrophes.
Plan Biden pour les véhicules électriques
C’est en tenant sans doute compte de ces facteurs que le gouvernement fédéral américain, dirigé par le président Biden, a dévoilé son plan pour faire des véhicules non polluants la nouvelle flotte automobile des USA. À l’instar de l’Europe qui a dévoilé le sien il y a quelques semaines, les États-Unis comptent faire de ce projet de promotion des véhicules sans émissions un élément de la stratégie de lutte contre le changement climatique et ses effets. Il faut en effet rappeler que les véhicules qui composent largement le parc automobile mondial à l’heure actuelle sont émetteurs de gaz à effets de serre, le dioxyde de carbone en l’occurrence.
Ainsi, Joe Biden souhaite que la moitié des véhicules neufs vendus à l’horizon 2030 sur le territoire des États-Unis soient exempts de pollution. Ils devront donc être hybrides rechargeables, mais surtout à hydrogène ou électriques. C’est une ambition énorme quand on sait que l’année dernière encore, les ventes dans la catégorie électrique représentaient seulement 2 % sur le marché. Cela signifie que ce chiffre devra être multiplié par 25 en moins de 10 ans alors que Bloomberg NEF estime que seulement un tiers des véhicules vendus d’ici 2030 seront électriques.
Notons que le président Joe Biden prend avec ces mesures le contre-pied de l’administration précédente, dirigée par le climatosceptique Donald Trump. Le 46e président des États-Unis veut également durcir le ton sur la réglementation sur les carburants. Il s’agit d’exiger des constructeurs l’amélioration des performances énergétiques de leurs modèles thermiques, à savoir la distance parcourue avec une unité de carburant.
Si ces mesures sont censées aider la planète, rappelons qu’elles répondent à un objectif commercial également. Les États-Unis sont en effet en retard sur le grand rival chinois en ce qui concerne le développement de l’électrique, mais les concurrents européens aussi sont devant. Pourtant l’objectif de l’État américain est moins ambitieux que la stratégie des 27 qui veulent interdire les moteurs thermiques dans l’espace européen d’ici 2035. C’est peut-être pour cette raison que le plan de Biden a reçu le soutien de certains constructeurs automobiles américains.
Efforts des constructeurs américains
Lors de la publication de son nouveau décret en faveur du climat et pour la promotion des véhicules électriques, Joe Biden était accompagné des dirigeants des grands groupes automobiles américains. Ford General Motors et même les membres de l’UAW, le puissant syndicat de l’industrie automobile aux États-Unis. C’est tout un symbole qui marque le soutien des acteurs du secteur au plan du gouvernement fédéral. Il faut dire que la plupart des constructeurs historiques au pays de l’Oncle Sam ont déjà pris la décision d’investir dans les véhicules électriques avec un objectif similaire à celui de Joe Biden.
Dans une déclaration commune GM, Ford ou Stellantis ont en effet indiqué vouloir vendre 40 à 50 % des volumes annuels de véhicules électriques d’ici 2030 aux États-Unis. Ces entreprises avaient d’ailleurs pris la décision d’investir 33 milliards de dollars chaque année pour atteindre rapidement cet objectif.
« Pour atteindre l’extrémité supérieure de cette fourchette, nous continuerons à travailler avec l’administration Biden, le Congrès et les gouvernements des États et des collectivités locales pour mettre en œuvre des politiques de soutien au profit de notre personnel, de nos concessionnaires, de nos clients et de leurs communautés », souligne General Motors.
Il ne faut pas oublier de souligner le travail de Tesla qui même si elle n’a pas été citée par l’administration Biden, est en tête des efforts dans le secteur des véhicules électriques outre-Atlantique. L’entreprise d’Elon Musk ne produit que des véhicules électriques, qu’il s’agisse de SUV avec le Model X lancé en 2015 ou les véhicules de luxe dont le Model S qui existe depuis 2012. La société a aussi construit une usine géante de fabrication de batteries lithium-ion au Nevada, pour réduire la dépendance envers l’Asie. Elle est active depuis 2017 et a atteint un an plus tard une capacité de 35 GWh/an de packs de batteries. L’Amérique de demain sera résolument électrique !