Plusieurs révélations ont été faites dimanche dans la presse américaine, à propos de Bill Gates, le fondateur de Microsoft. Elles viennent écorner l’image du milliardaire américain de 65 ans. Ces révélations interviennent alors que Bill Gates a annoncé le 3 mai qu’il divorce de Melinda French Gates, mettant fin ainsi à un mariage qui aura duré 27 ans.
Liaison « inappropriée »
Le Wall Street Journal, le New York Times et le Daily Beast sont les trois médias qui ont dévoilé le week-end dernier de multiples informations embarrassantes sur la vie privée du fondateur de Microsoft. Les articles sont pratiquement similaires et traitent notamment d’une liaison de Bill Gates avec une employée de sa société dans les années 2000. Connu pour ses approches maladroites à l’égard de certaines employées de Microsoft pendant qu’il était PDG, l’homme d’affaires est allé au-delà de simples déclarations avec l’une d’elles.
- Gates a « cherché à nouer une relation intime» avec la jeune femme dont le nom n’a pas été cité par le New York Times. Seulement, cette liaison est restée plus ou moins secrète puisque ce n’est que fin 2019 que le conseil d’administration de Microsoft a appris l’information. En plein scandale #MeToo aux États-Unis (mouvement de dénonciation des abus sexuels de plusieurs personnalités américaines), le conseil a diligenté rapidement une enquête pour faire la lumière sur la question. Le siège de Bill Gates au conseil d’administration de sa propre société semble alors sérieusement menacé.
« Un comité du conseil d’administration a examiné la préoccupation, aidé par un cabinet d’avocats externe pour mener une enquête approfondie. Tout au long de l’enquête, Microsoft a apporté un soutien important à l’employé qui a soulevé l’inquiétude », relate un porte-parole du géant basé à Seattle.
Cependant, avant la conclusion de l’enquête, Bill Gates démissionne du conseil d’administration, officiellement pour se consacrer à la fondation qu’il copréside avec son ex-épouse. À la lumière des dernières révélations, on peut tout de même imputer cette démission à l’enquête sur sa liaison, d’autant plus que l’affaire n’a plus été portée à la connaissance du public, dès la mise en retrait de M. Gates. La cellule de communication de ce dernier nie pourtant fermement cette hypothèse.
« Il y a eu une liaison il y a près de 20 ans qui s’est terminée à l’amiable. La décision de Gates de quitter le conseil d’administration n’était en aucun cas liée à cette question », a déclaré Bridgitt Arnold, porte-parole du milliardaire.
Relations discutables
Selon les informations de la presse américaine, la décision du divorce du couple Gates a été prise en 2019 par l’épouse Mélinda. Fait surprenant, la liaison extra-conjugale de son mari ne fut pourtant pas, apprend-on, le premier motif de ce choix. Melinda Gates a déclenché le processus du divorce en apprenant d’autres relations assez discutables de Bill Gates avec le délinquant sexuel Jeffrey Epstein.
Déjà condamné pour sollicitation de prostituées mineures pour des relations sexuelles, il est incarcéré à nouveau en 2019 dans une affaire de trafic de mineurs. Il se suicide quelque temps après et les circonstances entourant ce décès font dire qu’il s’agit d’une chance pour les personnalités qu’il aurait pu faire tomber avec lui. C’est cet homme à la vie trouble qu’aurait fréquenté pendant un temps M. Gates, à en croire le Daily Beast. Mélinda aurait désapprouvé très tôt cette relation et lorsque le scandale touche à nouveau Jeffrey Epstein, c’est sans doute la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Il faut dire que l’épouse de Bill Gates avait déjà été confrontée en 2017 à une autre relation de son mari. En 2017, le gestionnaire de fonds du milliardaire depuis près de 30 ans, Michael Larson, est accusé de harcèlement sexuel par une jeune femme travaillant dans un magasin de vélos où le financier était actionnaire. Cette dernière écrit une lettre dans laquelle elle se plaint au couple. M. Gates décide alors de régler l’affaire à l’amiable et garde M. Larson comme collaborateur. Mélinda souhaitait au contraire élucider l’affaire et a même fait appel à un cabinet d’avocats. Cependant, l’attitude de son mari déplut à cette féministe engagée depuis des années dans la promotion des droits de la femme.
Une image peu entachée pour Bill Gates
Ces derniers mois, plusieurs personnalités du monde du spectacle, du sport ou de la politique ont été touchées par des accusations de harcèlement ou d’abus sexuels. Fondées ou pas, elles ont détruit ou peuvent détruire des réputations. S’il n’est pas question d’abus dans le cas de Bill Gates, il est néanmoins légitime de s’interroger sur l’impact que ces révélations à propos de la vie privée du milliardaire peuvent avoir sur l’image de Bill Gates.
Philanthrope respecté à la tête de la plus grande fondation privée au monde, mais aussi ex-première fortune mondiale, Bill Gates n’est pourtant pas un habitué de la presse people ou à scandale. Et les révélations du week-end dernier ne devraient rien y changer à moyen et long terme.
Rien d’illégal n’est à reprocher au milliardaire sinon une présomption d’abus de pouvoir dans sa relation avec son employée. Cette dernière n’ayant jamais porté plainte, c’est une hypothèse peu vraisemblable. Ensuite, les différentes révélations sont constituées dans certains cas de rumeurs et de déclarations de proches, mais sans aucune preuve réelle. Le divorce du couple se déroule sans éclats et rien ne laisse présager un scandale.
Microsoft s’en sort sans une égratignure
La situation est encore moins inquiétante pour le groupe fondé par Bill Gates. Microsoft ne devrait en effet pas subir les retombées des accusations qui visent son fondateur, à cause notamment de l’attitude de la société. Dès que le Conseil a été officiellement informé de la liaison, il a tout fait pour se démarquer de Bill Gates et a réussi à le tenir à l’écart de la société depuis plus d’un an.
Le titre Microsoft n’a pas montré de signes de baisse drastique ces derniers jours, ce qui aurait été sans doute le cas si les investisseurs voulaient sanctionner la société pour son attitude vis-à-vis de son fondateur. Les investisseurs, les actionnaires et le paysage médiatique ne tiennent donc pas rigueur à Microsoft, d’autant plus que la société jouit d’une excellente santé financière. Au premier trimestre 2021, les ventes de la société ont crû de 19 % en glissement annuel pour atteindre 41,7 milliards $. Dans le même temps, le bénéfice a bondi de 44 % pour s’établir à 15,5 milliards $, portée par la forte croissance du Cloud (15,12 milliards $ de chiffre d’affaires). Tout va bien pour le géant du numérique.