Le 19 avril, Siemens a annoncé un nouvel accord de partenariat avec Google. Il porte sur l’utilisation d’un ensemble de technologies du géant américain dans la chaîne de production du groupe allemand. Les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là puisque le même jour, on apprenait que la société a également entamé une collaboration avec l’Ouzbékistan dans le secteur de l’énergie. Tour d’horizon de ces différents accords qui font grandir davantage Siemens.
L’intelligence artificielle au service de l’optimisation des opérations
Siemens veut atteindre plusieurs objectifs grâce à son association avec Google, mais on peut les résumer en deux mots : optimisation générale. Pour le groupe basé à Munich, il s’agit en effet d’améliorer l’efficacité des opérations industrielles de façon générale, alors que pour le moment les technologies de pointe se limitent à « des projets pilotes ».
Concrètement, Siemens va combiner l’expertise qu’elle possède déjà dans l’automatisation de la chaîne de production aux différentes technologies d’intelligence artificielle (IA) et d’apprentissage machine (ML) de Google Cloud afin de projeter les fabricants dans une nouvelle ère. Ces derniers, qui ont encore recours pour certains à de vieux logiciels pour analyser leurs données, disposeront désormais d’outils plus adaptés à la nouvelle décennie.
L’exécution de modèles d’IA et de Machine Learning leur offrira in fine un outil puissant pour optimiser les processus dans les usines et améliorer la productivité dans les ateliers.
« Siemens est un leader de l’automatisation et des logiciels industriels, et Google Cloud est un leader dans l’analyse des données et l’IA/ML. Cette coopération permettra de combiner le meilleur des deux mondes et d’apporter l’IA/ML à l’industrie manufacturière à plus grande l’échelle », explique Dominik Wee, directeur général de la fabrication et de l’industrie chez Google Cloud.
S’il s’agit d’aider les fabricants, notons que le partenariat avec Google est également largement profitable à Siemens. La collaboration renforce en effet la gamme de solutions que la société allemande peut offrir à ses clients, ce qui devrait générer de nouveaux revenus.
L’augmentation de l’offre de Siemens peut lui attirer également de plus en plus de clients dans les différents secteurs dans lesquels intervient la société, allant de la santé aux technologies du bâtiment en passant par l’énergie. Dans ce dernier secteur d’ailleurs, la société vient de conclure un nouveau partenariat en Asie centrale.
Fournir de l’énergie renouvelable en Ouzbékistan
Hasard du calendrier ou coup préparé pour capter et maintenir l’attention des investisseurs, Siemens a annoncé son partenariat avec Google le même jour qu’un contrat d’envergure avec le gouvernement ouzbek. C’est le ministère de l’Énergie d’Ouzbékistan qui a dévoilé le 19 avril un protocole d’accord conclu le 16 avril entre le pays et Siemens Energy.
Signé au cours d’une visite à Tachkent de Christian Bruch, président de Siemens Energy, ce protocole instaure un cadre de discussion pour la conclusion de partenariats ultérieurs dans la production d’électricité, provenant de sources renouvelables notamment.
Un comité chargé de négocier et de conclure les futurs accords de partenariat sera mis en place dans les 10 jours suivant la signature du protocole, mais une feuille de route a déjà été présentée. Elle table sur de multiples projets suivant notamment le modèle du partenariat public-privé. Il s’agit ainsi de la construction de nouvelles installations de production, de l’audit des installations déjà existantes et d’introduction de technologies à haut rendement énergétique.
Le groupe allemand construira ainsi une nouvelle centrale thermique d’une capacité de 1 300 à 1 600 MW et contribuera à la modernisation de la station de compression de Hajabad. Siemens va œuvrer également à la mise à niveau de la main-d’œuvre locale par le biais de la construction de centres de formation innovants. En ce qui concerne l’amélioration du rendement énergétique, il est prévu que Siemens Energy introduise des technologies de cogénération en Ouzbékistan. Il s’agit d’une méthode d’économie d’énergie utilisant la chaleur produite au cours de la production d’énergie électrique à partir d’une source quelconque.
« L’Ouzbékistan poursuit sa dynamique de collaboration avec les meilleurs partenaires internationaux, afin de réaliser notre stratégie énergétique […] Siemens jouit d’une renommée mondiale et nous sommes impatients d’approfondir notre relation », résume Alisher Sultanov, ministre ouzbek de l’Énergie.
Si aucun contrat n’a encore été signé, notons que les deux parties comptent le faire le plus tôt possible, car le ministère explique qu’un site sera trouvé pour la centrale électrique d’ici mai et que des accords dans l’hydrogène et l’éolienne seront conclus d’ici l’été.
À Rome, développer la mobilité urbaine avec les véhicules électriques
Le troisième partenariat, mais le premier chronologiquement porte également sur les nouvelles technologies et a été annoncé le 31 mars dernier. Siemens s’est associée à la start-up italienne ON pour lui fournir 120 bornes de recharge Sicharge C22 dans le centre historique de Rome.
Selon les termes de la collaboration, Siemens Smart Infrastructure, la filiale du groupe allemand, offrira également un logiciel de gestion d’infrastructures basé sur le Cloud afin de permettre à ON de gérer l’ensemble des bornes de recharge qui seront installées. Il faut préciser que ces stations sont évidemment destinées à divers véhicules électriques circulant dans la ville, à un moment où les achats de ces véhicules explosent un peu partout en Europe.
Vingt-trois premières stations ont déjà été installées au moment où l’accord est dévoilé et le reste suivra au cours de l’année 2021. Elles permettront de recharger deux véhicules électriques simultanément grâce à une prise de 22 kW. Les vélos et scooters électriques pourront aussi s’approvisionner en énergie via deux prises de courant alternatif de 230 volts.
Un impact visible sur le cours de l’action Siemens en bourse
Le titre Siemens se négocie depuis plusieurs semaines à plus de 140 euros. C’est un plancher bien loin des difficultés rencontrées il y a plus d’un an par la société quand son titre a plongé jusqu’à 58 euros en mars 2020. Quelques semaines avant, le cours de l’action avait entamé cette descente suite à la publication du bilan annuel de Siemens. Les mauvais résultats avaient déçu les investisseurs et cela s’est ressenti sur le cours de l’action.
Parallèlement à la pandémie, Siemens a donc vécu sa propre crise avec notamment une entrée en bourse ratée pour sa filiale Siemens Energy. Alors que les analystes s’attendaient à une capitalisation de 17 à 24 milliards €, la société est valorisée « seulement » à 16 milliards, soit environ 22 € l’action. Le titre plongera à 18 € quelques semaines plus tard avant de se négocier actuellement à 28 €.
Siemens et ses filiales surfent désormais sur une bonne vague. Si le bilan annuel 2020 fut lui aussi mitigé avec des reculs du bénéfice net et de l’EBITDA, la société peut expliquer cette contre-performance par les conséquences de la pandémie et espère faire une belle année 2021.