En 2021, nous assistons à une poussée majeure vers la conscientisation environnementale. Deux administrateurs militants pour le climat ont été nommés au conseil d’administration d’ExxonMobil malgré les réticences de la société, et un tribunal néerlandais a décidé que Shell devait réduire ses émissions de carbone de 45 % d’ici à 2030. Carrefour, quant à lui, veut devenir plus écoresponsable en adoptant l’étiquetage environnemental pour ses produits.
Qu’est-ce que l’étiquetage environnemental ?
En bref, c’est le fait d’apposer sur les produits alimentaires des étiquettes indiquant leur impact sur l’environnement. Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour cela, mais celle choisie par Carrefour est l’Eco-Score. Il a d’abord été développé par les acteurs privés Yuka, Marmiton, Open Food Facts ou Etiquetteable. Ces entreprises se sont appuyées sur les données de l’Agence de la transition écologique (ADEME), qui avait déjà déterminé l’impact environnemental de plus de 2 500 catégories de produits.
Leur objectif était de créer une mesure qui évalue les produits alimentaires et les plats préparés sur une échelle de 1 à 100, les scores les plus élevés indiquant les produits ayant un impact environnemental moindre. Pour simplifier, les scores sont ensuite classés par lettre de A à E, les produits classés A ayant un score de 80 à 100 et ainsi de suite.
Pour calculer l’Eco-Score, une équation mathématique est utilisée :
Eco-Score = analyse du cycle de vie (ACV) + points bonus - points déduits
Le facteur le plus important est l’ACV, qui évalue l’impact environnemental d’un produit tout au long de son cycle de vie. Celui-ci comprend les étapes du « berceau » à la « tombe » (cradle to grave en anglais). Le « berceau » représente l’extraction des matières premières pour la fabrication, et la tombe représente les déchets issus de la consommation du produit.
L’initiative Eco2 affirme qu’il ne s’agit pas d’une mesure complète. Elle souligne notamment que l’ACV ne prend pas en compte l’origine précise des ingrédients utilisés et les méthodes de production des aliments. Un autre point soulevé par Eco2 concerne la recyclabilité de l’emballage. C’est pourquoi l’Eco-Score prend également en compte ces critères parmi d’autres, et utilise des points pour ajuster le score final.
Quand cela sera-t-il mis en œuvre ?
Comme vous, vous en doutez, le processus d’étiquetage des produits alimentaires ne peut se faire du jour au lendemain, mais Carrefour s’est lancé ! Plus de 25 000 produits alimentaires seront initialement examinés et classés par Eco-Score. Dans un premier temps, le processus se fera sur les produits alimentaires listés en ligne et non dans les rayons des magasins. Par la suite, Eco-Score évaluera 20 000 autres produits de marques nationales.
Carrefour étant l’un des plus grands sites de commerce électronique du pays, 67 % de ses produits seront notés. Des étiquettes Eco-Score seront ensuite apposées sur les produits à côté de l’étiquette Nutri-Score afin que les acheteurs soient conscients de l’impact environnemental de leurs aliments. Lorsqu’il sera mis en œuvre, vous pourrez voir l’Eco-Score des produits évalués à côté de l’icône du produit sur le site web de Carrefour.
Le processus d’étiquetage initial servira de test pour voir s’il fonctionne bien et pour connaître l’opinion des gens sur ce changement. Carrefour analysera ensuite les données en octobre. Dans un communiqué de presse, le groupe a déclaré qu’il s’agissait de sensibiliser le public afin qu’il privilégie les produits à faible empreinte carbone.
Ainsi, si les ventes de produits mal notés sont inférieures à celles des produits mieux notés, il espère que les fabricants modifieront leur mode de production. Enfin, le projet de loi Climat et résilience envisage que cette expérience ne dure pas plus de 5 ans, après quoi elle sera obligatoire.
Quel impact pour le secteur alimentaire ?
Les producteurs s’en sont naturellement inquiétés, car ils craignent qu’un score écologique faible sur leurs produits ne se vende pas aussi bien qu’un score plus élevé. Les producteurs de viande sont les plus inquiets, car les produits carnés ont généralement un impact plus important sur l’environnement. Cependant, l’Eco-Score prend beaucoup de choses en considération et n’attribue pas systématiquement un E aux produits carnés.
Par exemple, le type de viande a une grande importance, car certaines ont une empreinte carbone plus importante que d’autres, comme le bœuf par rapport à la volaille. En outre, la méthode de production peut également être modifiée, ce qui devrait augmenter la note écologique de l’article. À titre d’exemple, le yaourt grec biologique a obtenu la note A, tandis que le bœuf haché pur de France a obtenu la note E. Néanmoins, la mauvaise note de ce dernier est probablement due au fait qu’il utilise des emballages non recyclables.
Quel impact pour Carrefour ?
Au cours de la dernière décennie, la France a pris des mesures pour accroître la transparence des informations autour des produits alimentaires et agricoles. C’est pourquoi le Nutri-score a été mis en place en 2017 et rendu nécessaire sur tous les produits alimentaires, mais il n’y a jamais eu d’étiquette indiquant l’impact environnemental d’un produit.
Et les décideurs politiques ne sont pas les seuls à s’en préoccuper, puisque les consommateurs, dans leur grande majorité, veulent faire de même. La production alimentaire étant responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, l’Eco-Score devrait devenir pertinent pour réduire son impact sur l’environnement.
Augmenter les ventes
Carrefour espère que cette initiative encouragera les consommateurs à se tourner vers des produits plus écoresponsables, mais aussi qu’elle stimulera les ventes. Des enquêtes ont montré que 38 % des consommateurs prennent en compte la provenance des aliments avant de les acheter. Par ailleurs, 78 % des personnes interrogées ont déclaré ne pas recevoir suffisamment d’informations sur l’impact environnemental des aliments.
Au cours du premier trimestre, Carrefour a enregistré une performance exceptionnelle. Les ventes du trimestre ont atteint 18,56 milliards d’euros, soit une augmentation de 4,2 % par rapport à la même période de l’année précédente. Parmi les régions où les ventes ont augmenté figurent la France, le Brésil et l’Espagne.
En France, la croissance des ventes a été de 3,5 % par rapport à l’année précédente, notamment dans les hypermarchés (3,3 %). Cette croissance est due à plusieurs initiatives telles que les projets « 5-5-5 » et « TOP » qui ont déjà été mis en place dans les hypermarchés, les magasins et les supermarchés. Ces projets avaient pour but de placer le client au cœur de toute initiative commerciale, et déjà leur satisfaction a augmenté.
En outre, Carrefour avait acquis le troisième plus grand détaillant alimentaire du Brésil, Grupo BIG, en mars. Bien que cela n’ait pas été la cause de l’augmentation des ventes dans le pays, vous pouvez vous attendre à une croissance encore plus importante des ventes au cours du deuxième trimestre, dont les résultats seront annoncés le 29 juillet.