La multinationale française Alstom est bien partie pour mettre la main sur un autre important contrat en Égypte. Après avoir conclu en fin d’année dernière un accord pour fournir une cinquantaine de rames au métro du Caire, le géant du transport ferroviaire a entamé des négociations pour réaliser la ligne 6 du réseau de chemin de fer de la plus grande métropole africaine.
Un potentiel nouveau contrat en Égypte à l’horizon 2022
Les récentes aspirations d’Alstom ont été rendues publiques par le ministre français de l’Économie suite à une visite officielle en Égypte pour sceller un accord de prêt intergouvernemental relatif au métro du Caire. La ligne 6 qui fait l’objet de la convoitise devrait faire 35 kilomètres de long et compter 27 stations.
Le contrat de prise en charge de la construction s’accompagne aussi de l’option de fourniture du matériel roulant et de tous les composants du système de signalisation. Pour le pays qui veut moderniser et agrandir son réseau ferroviaire afin de répondre à la demande grandissante de transport au Caire, cette nouvelle ligne va contribuer à améliorer la mobilité des Égyptiens au quotidien.
Si Alstom décroche ce marché, ce serait un gros contrat de plus dans son portefeuille alors qu’elle en a annoncé plusieurs sur les dernières semaines.
Accord pour livrer jusqu’à 40 trains électriques en Roumanie
Alstom a en effet annoncé en mars une collaboration avec l’autorité ferroviaire roumaine (ARF). Un contrat d’une valeur estimée à 270 millions d’euros a été signé entre les deux parties et verra le groupe livrer dans un premier temps 20 trains électriques interrégionaux Coradia Stream, des automoteurs qu’il a lui-même développés. Alstom réalisera également tous les travaux de maintenance associés, et ce, pour une durée de 15 ans.
Les trains Coradia sont composés de six voitures et contiennent un total de 350 sièges et des compartiments pour les bagages. Connus pour leur performance en circulation et très plébiscités en Europe, ces trains disposent d’un système de régulation du trafic ERTMS de Niveau 2. Il s’agit d’une solution de signalisation digitale grâce à laquelle les trains ont la possibilité de se déplacer à des vitesses élevées (jusqu’à 160 km/h) sans avoir besoin de faire recours à la signalisation classique ou latérale.
Le groupe réalise ainsi sa première livraison de train de voyageurs sur le territoire roumain. Notons que le contrat en question peut être prolongé si l’ARF procède à une commande de 20 trains supplémentaires. Dans ce cas de figure, le montant total de la transaction pourrait grimper jusqu’à 750 millions d’euros, voire au-delà.
Contrat pour optimiser une ligne de métro au Chili
Toujours en mars, l’entreprise française a remporté un contrat dans le pays du Cône Sud portant sur l’optimisation de la ligne 7 du métro de la capitale Santiago. Alstom va équiper le chemin de fer du système de signalisation avancé CBTC (Communication Based Train Control) dénommé Urbalis et de 37 rames automatiques longues de 102 mètres issues de sa gamme de matériels roulants ferroviaires, Metropolis.
Alstom confectionnera ces nouvelles rames à son usine située à Taubaté, au Brésil. La réception des premières voitures est prévue pour 2025. Elles seront climatisées et dotées de quatre portes latérales pour fluidifier les déplacements des passagers à l’entrée comme à la sortie. En outre, les rames comporteront des allées spacieuses et des intercirculations ouvertes afin de faciliter la circulation à bord et entre les voitures. La capacité de transport du métro sera renforcée et il devrait être en mesure de supporter un nombre de 1 250 voyageurs.
Le contrat d’un montant de 355 millions d’euros prévoit une durée de 20 ans de maintenance assurée par Alstom. Ce dernier va devoir mettre l’accent sur la sécurité des voyageurs, mais aussi sur la protection des systèmes de commande des trains. La première partie sera facilitée par l’intégration aux trains d’un système d’information voyageur avancé dès la conception qui sera complété par des équipements de sécurité. On parle entre autres d’interphones, de caméras de surveillance haut de gamme, etc. La ligne 7 couvrira 26 kilomètres et traversera 29 stations et son inauguration est attendue pour l’année 2027.
Accord pour moderniser les lignes dans une gare britannique
Alstom a ajouté un autre contrat à Londres, signé avec Network Rail, une société privée britannique qui gère le transport ferroviaire du pays. D’une valeur de 69 millions de livres sterling (environ 81 millions d’euros), il fait suite à un précédent accord-cadre datant de 2020. Il avait été conclu dans l’objectif de moderniser les lignes conduisant à la gare de Victoria qui dessert la zone sud de Londres.
L’objet de ce récent marché porte sur la livraison d’une nouvelle signalisation. Les travaux d’installation devraient s’étaler sur une durée de trois ans et la mise en service est attendue pour décembre 2024. Par ailleurs, le contrat prévoit aussi la livraison de passages à niveau et d’autres équipements. Ces derniers seront installés entre Farncombe, un village du Surrey, et Petersfield dans le Hampshire via l’ancienne ligne Londres Waterloo-Portsmouth, l’une des plus fréquentées du pays.
Le conflit russo-ukrainien et les perspectives pour Alstom
Si cet enchaînement de contrats est de bon augure pour l’avenir d’Alstom, il faut noter que toute prévision est à prendre avec prudence au vu de l’exposition de la multinationale française à la Russie. Comme beaucoup d’autres grandes entreprises internationales, Alstom a décidé de couper court à ses opérations en Russie. Pour rappel, le pays subit de sévères sanctions internationales depuis qu’il a envahi l’Ukraine en février. S’alignant derrière la tendance, Alstom a suspendu tous ses investissements et livraisons en Russie début mars.
La compagnie a cependant maintenu sa participation de 20 % dans Transmashholding, le principal fabricant de matériels ferroviaires russe et précise l’absence d’une quelconque relation commerciale ou opérationnelle avec ce dernier. Alstom a néanmoins annoncé une prochaine réévaluation de la valeur comptable de l’entreprise à la clôture de l’exercice financier 2021-2022.
Notons que le groupe était en discussions avec l’Ukraine à propos d’une vente d’environ 130 locomotives doubles pour un montant estimé à 880 millions d’euros. Elles étaient destinées à alimenter le chemin de fer national UZ, mais en raison de la situation du pays, les négociations ont dû être interrompues.
C’est un coup dur pour les travailleurs du site français de Belfort de la compagnie, car ce contrat aurait dû assurer une charge de travail sur 10 ans et même occasionner un grand nombre de recrutements. Les salariés craignent donc une fermeture de l’usine et les syndicats suggèrent un transfert des activités ainsi qu’une relocalisation. Leur attention se porte notamment sur le site de Kassel en Allemagne qui a récemment été modernisé à défaut de nouveaux contrats.