Le groupe automobile français Renault a publié le 18 février son bilan annuel pour l’année écoulée, annonçant avoir surpassé ses prévisions et enregistré pour la première fois des bénéfices depuis 2019. C’est une performance à saluer, dans un contexte où les compagnies automobiles ont fait face à des contraintes, notamment la crise sanitaire et l’insuffisance des composants électroniques. Cela ne pouvait pas mieux tomber, au moment où l’entreprise tente de se réinventer avec son plan stratégique quinquennal Renaulution.
Bénéfice net de 967 millions €
Dans son communiqué vendredi 18 février, Renault a annoncé sa sortie du rouge. Le résultat net de la société a en effet progressé fortement, passant d’un bénéfice de 19 millions € il y a deux ans à 967 millions €, soit une hausse de 948 %. La hausse est encore plus impressionnante quand on s’intéresse aux chiffres de l’année dernière, où Renault a enregistré des pertes de l’ordre de 8 milliards €, soit une augmentation en glissement annuel de 9 013 %. Alors que la pandémie a secoué l’économie mondiale et affecté les ventes de véhicules, Renault a logiquement aussi été touché, avec une marge opérationnelle négative, à -0,8 % du chiffre d’affaires 2020.
Cette même marge opérationnelle a désormais augmenté de 2 milliards d’euros par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,7 milliard d’euros, soit 3,6 % du chiffre d’affaires. Cela est supérieur à l’objectif fixé par l’entreprise dans son plan Renaulution, une autre bonne performance, puisque l’entreprise a atteint l’objectif de 3 % de marge opérationnelle avec deux ans d’avance (initialement prévu pour 2023).
Le chiffre d’affaires de Renault a aussi progressé de 6,3 % en glissement annuel pour atteindre 46,2 milliards €. Cependant, cette progression cache une autre réalité, à savoir le fait que la compagnie ne s’est pas encore totalement remise de la pandémie Covid-19. Le chiffre d’affaires de l’année écoulée est en effet inférieur de 16,8 % à celui de 2019, mais la compagnie a néanmoins obtenu ces résultats satisfaisants dans un contexte toujours contraignant pour les constructeurs. Ces résultats ont été accueillis avec enthousiasme par la haute direction de la compagnie.
Pour le CEO du groupe, Luca de Meo, Renault fait largement mieux que ce qu’il s’était fixé comme objectifs pour l’exercice, et ce, malgré l’impact de la situation de pénurie sur le marché des semi-conducteurs ainsi que l’augmentation du niveau des prix de matières premières. Quant à la directrice financière de la compagnie, Clotilde Delbos, elle estime que ce bilan permet à Renault de franchir une étape « décisive » dans ses plans de redressement. Mme Delbos attribue ces bons résultats aux prémices du succès de la stratégie mise en œuvre depuis un an par le groupe, axée autour de la discipline financière.
Si l’on en croit ses propos, Renault a atteint de manière pérenne avec une avance d’un à deux ans quelques objectifs de son plan quinquennal Renaulution. Néanmoins, le groupe ne compte pas dormir sur ses lauriers, il s’active pour rapidement mettre en œuvre ses projets stratégiques en gardant à l’esprit la création de valeur pour toutes ses parties prenantes.
Perspectives 2022
Mi-janvier 2021, le groupe Renault a dévoilé son plan Renaulution, dont le premier axe « Résurrection » doit s’articuler autour du redressement de la société et du retour de la rentabilité. Les résultats obtenus au cours des mois qui ont suivi témoignent déjà du succès de la mise en œuvre de cette stratégie que la compagnie compte poursuivre en 2022. Malgré la pénurie de semi-conducteurs qui devrait entraîner une perte estimée à 300 000 véhicules au niveau de la production du premier semestre de l’année, Renault reste confiant. La société vise une marge opérationnelle de 4 % et au-delà, ainsi qu’un cash-flow libre opérationnel supérieur ou égal à 1 milliard d’euros, au niveau du segment automobile. La stratégie Électrique sera aussi poursuivie, avec en ligne de mire l’objectif de faire de Renault une entreprise produisant 100 % de véhicules électriques en Europe à l’horizon 2030. La société examine d’ailleurs la faisabilité d’une séparation de son portefeuille électrique en une entité distincte basée en France. Une autre entité installée hors de l’Hexagone s’occuperait alors des activités et des technologies de moteurs et transmissions thermiques et hybrides.
Menace russe et évolution du cours de l’action
Malgré les excellents résultats de l’année écoulée, et la confirmation des objectifs à court et moyen terme de l’entreprise, notons que l’action Renault a plongé depuis le début de la semaine. Le titre est en effet passé de 37,30 euros à l’ouverture de l’Euronext Paris le 21 février à 33,57 euros à la clôture le lendemain 22 février, soit une chute de 10 % en à peine plus de 24 h. Alors que les bons résultats de la compagnie auraient dû entraîner un regain d’intérêt pour le titre et stimuler sa hausse, c’est donc à tout le contraire qu’on assiste. Des analystes tentent néanmoins d’expliquer cette situation en mettant en avant la présence de l’entreprise au Losange sur le marché russe.
Renault est en effet leader en Russie grâce au constructeur local AVTOVAZ et son emblématique joyau, la marque LADA. Dans un contexte de tensions exacerbées entre Moscou et Kiev (qui a le soutien de l’OTAN et des États-Unis), les investisseurs pourraient craindre pour les activités de la compagnie dans un futur proche. Avec la reconnaissance officielle par Vladimir Poutine de deux régions séparatistes ukrainiennes, les sanctions européennes et américaines qui suivent ne devraient rien arranger à la position de Renault en bourse. Mais l’entreprise garde des fondamentaux solides et la baisse actuelle peut être considérée comme une occasion d’acquérir des intérêts à un prix sous-évalué.
Acquisition d’une part minoritaire d’Alpine F1
Le constructeur automobile a annoncé le 23 février la conclusion récente d’un accord avec la société Genii Capital. La transaction porte sur la cession par cette dernière d’intérêts minoritaires détenus dans Alpine Racing Limited F1 Team, équipe engagée chaque année dans la prestigieuse course automobile Formule 1. L’accord a été obtenu à l’amiable et signifie la fin de sept années de partenariat avec le cabinet.
Dans le même temps, il ne faut pas oublier que le groupe automobile français a dévoilé son nouveau SUV compact, la Renault Austral. Conçu pour remplacer le Kadjar, il est décliné en plusieurs versions hybrides, du léger au rechargeable sans oublier le classique. Pour lui permettre de contester la domination du Peugeot 3008 sur le marché, Renault a doté son véhicule d’un design assez novateur, alliant formes généreuses à des flancs saillants. D’autres éléments techniques comme des projecteurs high-tech et une calandre élargie barrée par une ligne horizontale chromée rehaussent l’esthétique. Cette voiture sera dévoilée le 8 mars sera vendue à partir d’un tarif de base de 32 000 €.