Depuis quelques jours, le flou autour du nom du nouveau directeur général du groupe Orange s’est un peu dissipé. C’est l’actuelle vice-présidente pour l’Europe d’une autre multinationale française, Schneider Electric, Christel Heydemann, qui est en pole position pour obtenir le poste. Elle surclasse donc pour le moment les deux autres candidats, même s’il faudra attendre une annonce officielle pour confirmer cette probable nomination qui doit dans tous les cas intervenir d’ici le 31 janvier.
Nouveaux DG et président du conseil
Dans la course à la direction à l’une des plus grandes sociétés de télécommunications d’Europe, trois noms se retrouvent dans le sprint final. Il s’agit de Frank Boulben, haut responsable (Chief Revenue Officer) de l’américain Verizon, seul candidat étranger en lice. Les deux autres propositions devraient déboucher sur une promotion interne puisque ce sont des responsables actuels d’Orange, en l’occurrence l’une des administratrices de la société et également dirigeante de Schneider Electric, Christel Heydemann. Le dernier sur la liste est le directeur financier de la compagnie, Ramon Fernandez.
Ce sont donc les profils finalement retenus par le comité de sélection d’Orange pour succéder à l’actuel PDG Stéphane Richard. Alors que le mandat de ce dernier est normalement prévu pour s’achever seulement à la mi-2022, le dirigeant a été contraint à la démission après sa condamnation fin novembre dans l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais. Dans ce dossier, M. Richard a en effet été reconnu coupable par la Cour d’appel de Paris des faits de complicité de détournement de biens publics. Même s’il ne sera pas incarcéré puisqu’il a été condamné à un an de prison avec sursis, le PDG a dû rendre le tablier, conformément à la politique gouvernementale consistant à ne pas laisser des patrons des entreprises publiques à leurs postes, après ce type de décisions de justice.
En tant qu’actionnaire majoritaire du Groupe Orange, c’est à l’État français qu’il revient désormais d’approuver l’un des trois noms proposés par le comité de sélection de l’entreprise. Et, après entretien des trois candidats avec le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, puis à l’Élysée avec le secrétaire général de la présidence Alexis Köhler, c’est Christel Heydemann qui aurait les faveurs de l’exécutif. Sa nomination pourrait donc être officialisée le 24 janvier prochain au cours d’une réunion du conseil d’administration.
Notons que cette arrivée serait un petit pas vers plus de diversité dans les têtes d’affiche du CAC 40, qui ne compte actuellement qu’une seule dirigeante, en la personne de Catherine MacGregor, directrice générale d’Engie. Un retard reste néanmoins envisageable puisqu’aucun nom n’a encore été arrêté pour le poste de président du conseil d’administration. Ce dernier poste sera en effet plus cumulé avec celui de directeur général, comme cela a été le cas avec Stéphane Richard. L’actuel PDG démissionnaire pourrait même garder ce rôle de président non exécutif jusqu’en mai, date de la prochaine assemblée générale.
L’action Orange stagne
L’un des défis du nouveau patron d’Orange sera l’amélioration de l’image de l’entreprise auprès des investisseurs. Depuis plus d’un an, l’action Orange peine à performer en bourse. L’année dernière, il a baissé, passant de 9,73 euros le 31 décembre 2020 à 9,41 euros un an plus tard. Le titre s’est même négocié à 8,63 euros début octobre 2021, tombant à son plus bas niveau depuis huit ans sur la bourse de Paris.
Entre l’affaire Tapie/Crédit Lyonnais qui a entaché l’image de son PDG et par ricochet celui de l’entreprise et des rumeurs sur la « concentration » du marché français qui n’ont rien donné de concret, les investisseurs sont déçus. Comme explication à cette mauvaise passe traversée en bourse par le groupe, on peut aussi évoquer un secteur des télécommunications en difficulté. Entre autres, la croissance des activités n’est pas vraiment au rendez-vous et les investissements massifs dans la fibre optique et la 5G affectent les résultats financiers des géants du secteur.
Tout n’est néanmoins pas morose chez Orange qui effectue depuis quelque temps plusieurs améliorations technologiques dans son écosystème. La compagnie qui a récemment raccordé à la fibre optique son six millionième client en France (soit une multiplication par 100 du nombre de clients en 12 ans) a encore plusieurs cordes à son arc.
Alors que la baisse actuelle du titre peut être considérée comme négative, il reste néanmoins une opportunité d’achat intéressante pour un rendement futur, d’autant plus que la compagnie continue de verser des dividendes, plus précisément 0,70 € par action en 2021. L’intérêt spéculatif qui accompagne les titres des grands opérateurs télécoms européens est aussi une bonne raison pour l’achat.
Évolutions technologiques chez Orange
Au nombre des dernières évolutions technologiques du groupe Orange, il faut noter la mise en service en novembre dernier du premier laboratoire de l’Hexagone consacré à la technologie Open RAN, une référence pour les futurs réseaux mobiles. Le centre dédié favorisera le développement de la technologie Open RAN en France, en offrant aux entreprises qui y sont actives un espace pour les tests destinés à la validation des produits et services.
Toujours dans l’Hexagone, Orange a signé en octobre 2021 un accord avec l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique. Le partenariat porte aussi sur un laboratoire, dédié cette fois à la recherche et à l’innovation dans le domaine du « Cloud to IoT », expression désignant un service de cloud en continu qui s’étend des centres de données (datacenters) aux objets connectés. Rappelons également le déploiement en juin dans une usine française de Schneider Electric d’un réseau privé 4G/5G de bout en bout pouvant accueillir le Network slicing (découpage en tranches du réseau). Mise en œuvre avec le finlandais Nokia, c’est une innovation indispensable pour gérer la qualité du service d’un réseau 4G/5G de bout en bout, en assurant notamment la sécurité des processus et opérations de l’industrie 4.0.
Il faut aussi souligner que la croissance d’Orange passe aussi par l’Afrique, continent en plein boom démographique et économique et où la compagnie est présente depuis des années. Un africain sur 10 serait ainsi un client Orange aujourd’hui, d’après la société qui précise que le chiffre d’affaires de sa filiale Orange Middle East and Africa a atteint 5,8 milliards d’euros en 2020.
Orange Business Services
Orange Business Services (OBS) est la branche du groupe Orange réservée aux entreprises exprimant des besoins en divers services technologiques. La société revendique actuellement plus de 10 000 clients en Europe et son dernier fait d’armes est l’investissement dans le fonds de capital-risque « Move Capital I ». Pour Laurent Godicheau, Chief Strategy Officer d’OBS, cet investissement est une opportunité pour anticiper les demandes des clients (entreprises B2B technologiques) en Europe, tout en offrant à la société un retour financier intéressant.