Volkswagen a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 250 milliards € en 2021, ce qui correspond à une augmentation de 12 % en glissement annuel. C’est l’une des informations à retenir du communiqué publié récemment par le groupe automobile allemand, qui s’attend à de meilleurs chiffres en 2022.
Un rapport annuel avec des performances en hausse
En dehors du chiffre d’affaires qui s’est établi à 250,2 milliards d’euros, d’autres enseignements sont à tirer des résultats annuels 2021 de Volkswagen. Il s’agit, entre autres, du bénéfice d’exploitation qui a aussi augmenté. Il a même presque été multiplié par deux, passant en effet de 10,6 milliards d’euros en 2020 à 20,02 milliards d’euros un an plus tard. Le flux de trésorerie net a également progressé pour atteindre 8,6 milliards d’euros en 2021, en hausse de 35 % par rapport à l’année précédente. Ces chiffres démontrent la « résilience globale » de l’entreprise dans un environnement incertain, marqué par des pénuries de composants et quelques autres soucis liés aux restrictions anti-Covid-19.
Tout au long de l’année 2021, Volkswagen a dû, comme la plupart sinon tous les autres constructeurs automobiles, composer avec un déficit de semi-conducteurs sur le marché. Les restrictions liées à la pandémie ont d’une part ralenti la production depuis 2020 alors que la demande mondiale augmentait. Des secteurs comme les télécommunications (déploiement de la 5G et production de téléphones compatibles) et l’électronique (hausse des achats de consoles de jeux vidéo et de téléviseurs à cause du confinement) ont en effet commencé à consommer davantage de semi-conducteurs. Cette situation a du coup réduit une offre qui n’était déjà pas suffisante pour l’industrie automobile.
Résultat des courses, Volkswagen a produit et vendu donc moins de véhicules. En 2021, les ventes ont baissé de 6 % en glissement annuel, mais comme noté plus haut, cela n’a pas empêché le chiffre d’affaires de croître de 12 % d’une année à l’autre. Cependant, la contre-performance est encore plus importante quand on se réfère à la dernière année avant la pandémie. Volkswagen a en effet vendu 2,5 millions de véhicules de moins qu’en 2019.
Quoi qu’il en soit, les résultats obtenus sont satisfaisants, en témoigne l’enthousiasme des investisseurs. L’action Volkswagen a en effet progressé d’environ 6 % depuis le 9 mars et a gagné 13 % depuis cette date. Cela peut aussi s’expliquer par l’annonce par le groupe automobile d’un dividende de 7,50 euros par action ordinaire et de 7,56 euros par action privilégiée. Cela correspond à un taux de répartition de 25,4 %.
Pour le directeur financier Arno Antlitz, le groupe Volkswagen doit ses résultats à une gestion qui a permis d’atténuer l’impact des crises, grâce notamment à la réduction des frais généraux et une meilleure discipline lorsqu’il s’agit d’investir.
Des attentes plus élevées en 2022, malgré quelques risques
Le groupe automobile Volkswagen, leader du marché européen, veut poursuivre avec les bons résultats cette année. Du côté des ventes, elle table sur des livraisons qui vont augmenter de 5 à 10 %, avec à la clé une rentabilité opérationnelle comprise entre 7 et 8,5 %. Cet optimisme est lié non seulement à la baisse de l’intensité de la crise sanitaire, avec un effet positif sur les transports et l’économie en général, mais aussi une réduction des pénuries de composants. Selon la compagnie, l’offre de semi-conducteurs devrait en effet s’améliorer d’ici le second semestre de l’année 2022. En conséquence, Volkswagen espère générer un chiffre d’affaires en hausse de 8 à 13 % en glissement annuel, alors que la liquidité nette de la division automobile du groupe devrait continuer de progresser, d’environ 15 % en 2022. La compagnie table aussi sur un retour sur investissement compris entre 12 % et 15 %.
Volkswagen a néanmoins tenu à tempérer cet enthousiasme, en mettant en garde contre les répercussions probables de la guerre en Ukraine, avec son corollaire de sanctions en tout genre pour la Russie, sur les résultats du groupe automobile. S’il n’est pas encore évident de déterminer la nature ni le poids de ces répercussions, certains signes invitent à la prudence, concernant surtout l’approvisionnement en matières premières. Par exemple, le prix du palladium, utilisé par les constructeurs automobiles pour réduire la pollution des voitures diesel et essence, est déjà en hausse, car les investisseurs craignent une réduction de l’offre. La Russie est en effet le premier producteur mondial du métal et représente aussi une part importante de l’approvisionnement en nickel, un autre métal essentiel à l’industrie automobile, surtout pour les batteries des véhicules électriques.
Par ailleurs, depuis le début du conflit en Ukraine, Volkswagen a suspendu la production de voitures en Russie et a également interrompu les exportations vers le géant d’Europe de l’Est. En attendant l’évaluation de l’impact de ces décisions, on peut tout de même déjà affirmer que le manque à gagner ne sera pas négligeable pour la compagnie.
Les premiers succès de la stratégie New Auto
Volkswagen a présenté au deuxième semestre 2021 les détails de sa stratégie décennale New Auto, qui doit positionner le groupe comme une « entreprise de mobilité axée sur les logiciels, axée sur ses marques puissantes et ses plates-formes technologiques mondiales ». La compagnie a enregistré déjà quelques succès sur cette voie, comme elle le précise dans un communiqué publié le 15 mars. Volkswagen est un leader du marché européen des véhicules électriques avec 1 voiture de la marque sur 4 achetée par le consommateur en 2021.
La compagnie a aussi renoué avec le profit en Amérique du Nord, avec ses cinq SUV. Elle occupe même la position de numéro 2 sur le marché des États-Unis. Mais c’est très loin de ses marchés habituels que le groupe a opéré sa meilleure percée. En Asie, plus précisément en Chine, Volkswagen a en effet vu ses ventes de véhicules être quadruplées en seulement un an pour atteindre 92 700 unités livrées. La compagnie représente 16 % de part de marché et aurait même pu réaliser de meilleurs chiffres de vente sans la pénurie de semi-conducteurs qui l’a empêchée de répondre à la forte demande de ses clients.
Victime de son succès, Volkswagen rencontre d’ailleurs les mêmes problèmes de livraisons en Allemagne. Après Audi, le numéro 1 de l’automobile européen a indiqué à ses concessionnaires outre-Rhin la suspension des commandes pour les modèles hybrides et rechargeables. Cela s’explique par une trop importante demande partout dans le monde, ce qui met une forte pression sur les usines de production, en plus des pénuries déjà évoquées plus haut. Les modèles Golf, Arteon, Tiguan et Touareg ne sont donc plus disponibles pour le moment en Allemagne. La France reste épargnée actuellement.