Intel se classe sans doute dans la catégorie des leaders mondiaux de l’industrie des semi-conducteurs. L’américain qui a perdu en 2021 sa position de n° 1 en termes de revenus au profit de Samsung essaye de se remettre d’aplomb vu les enjeux économiques et géopolitiques qui entourent le secteur. Malgré ses efforts, l’entreprise peine à convaincre les analystes sur son potentiel à court terme.
Morgan Stanley met Intel davantage en difficulté
Le titre d’Intel est passé de « pondérer en ligne » à « sous-pondérer » tandis que l’objectif de cours a chuté de 55 à 47 dollars. Il faut remarquer que la banque d’investissement Morgan Stanley n’est pas étrangère à ce retournement de situation. En effet, ses analystes, avec Joseph Moore en tête de file, ont estimé que la société ne pouvait avoir une évolution positive claire avant les deux prochaines années.
Ils ont notamment mis en avant les investissements « agressifs » qu’Intel a opérés dans les fonderies et ont effectué une analyse de graphique pour conclure que le flux de trésorerie du géant serait impacté pendant un bon moment. Ainsi les coûts sont en passe d’augmenter de 40 % pendant deux ans alors que les ventes devraient suivre une tendance inverse cette année et croître faiblement en 2023. Intel est donc sujet à l’impératif de réussir dans ses nouvelles activités tout en redressant sa principale activité dans le même temps.
Néanmoins, les analystes restent positifs quant à la capacité de l’entreprise à redresser la barre sur le long terme, et pour ce faire, une meilleure exécution technologique est de mise selon eux. Ils adhèrent à la feuille de route quinquennale d’Intel et disent apprécier le nouveau PDG, Pat Gelsinger et l’impulsion qu’il apporte à la compagnie.
Pat Gelsinger, l’homme de la situation ?
À la tête d’Intel depuis à peine un an, Pat Gelsinger, qui a quand même 30 ans d’expérience au sein de la société, travaille à ramener la société au sommet. Il ambitionne faire d’elle un fournisseur incontournable de services de fonderies et cultiver son expertise dans les technologies spécialisées. Déjà en mars 2021, Gelsinger mettait en place une nouvelle division dénommée Intel Foundry Services consacrée aux usines fabriquant les semi-conducteurs en Europe et aux États-Unis. Par la suite, il s’est lancé dans une série d’investissements impliquant des sommes colossales.
On peut citer parmi les plus récents la dépense de 20 milliards de dollars pour de nouvelles fabriques près de Columbus, dans l’Ohio. Mentionnons également l’acquisition pour 5,4 milliards de dollars de la fonderie israélienne Tower Semiconductor annoncée en février 2022. Le but de la manœuvre est de renforcer le portefeuille de fabrication de puces électroniques d’Intel pour soutenir la forte croissance de la demande qui se profile (8,8 % en 2022 indique Reuters). Aussi, d’après les estimations de l’entreprise, l’industrie des semi-conducteurs constituera un marché de 1 000 milliards de dollars d’ici 2030 et il faut en tirer parti.
Notons que Intel a pris l’engagement d’investir d’autres milliards pour construire de nouveaux sites dans le but d’agrandir son empreinte géographique. L’entreprise prévoit accélérer la croissance annuelle du chiffre d’affaires de 10 à 12 % d’ici 2026 et augmenter la marge brute d’ici 2025.
En somme, la politique instaurée consiste à prioriser l’innovation et à intensifier la collaboration d’Intel avec les clients et partenaires pour créer de la valeur à long terme. Depuis sa prise de fonction, le PDG essaye de reconstruire une société « après une décennie de mauvaises décisions » comme il le confie dans une interview accordée au média israélien Calcalist. Il estime qu’il reste encore beaucoup de choses à changer et que cela prendra du temps.
Prise de position par rapport à la guerre en Ukraine
Tout comme beaucoup d’autres grandes compagnies comme AMD ou encore Apple, Intel n’est pas restée de marbre face à la crise ukrainienne et a répondu à l’appel du pays à couper toute relation avec son bourreau, la Russie. Les ventes de produits vers la Russie, mais aussi vers la Biélorussie, son alliée directe dans l’intervention armée sur le territoire de l’Ukraine, ont été stoppées d’après une annonce faite le 3 mars.
L’entreprise condamne fermement les agissements de Moscou et affiche un soutien total au peuple ukrainien pris au piège dans cette guerre. Elle va même plus loin en affirmant avoir lancé une collecte de fonds pour accompagner les efforts de secours par l’intermédiaire de sa fondation. Plus de 1,2 million de dollars auraient déjà été récoltés. Aussi des équipes d’Intel dans les pays voisins de l’Ukraine comme l’Allemagne, la Pologne et la Roumanie seraient impliquées dans des actions visant à aider les réfugiés.
Toutes ces interdictions provenant de certains leaders du marché des microprocesseurs devraient produire un effet de masse qui affectera les utilisateurs basés en Russie. En effet, l’achat de puces pour les ordinateurs et serveurs étant limité, la pression sur les stocks du pays sera plus forte et une hausse significative des prix ne tarderait pas à suivre.
Un nouveau visage dans le paysage d’Intel
Le plus récent changement majeur au sein du personnel d’Intel s’est opéré au niveau du poste de vice-président exécutif et directeur commercial. C’est désormais Christoph Schell qui commencera à s’acquitter des tâches qui incombent à cette position, et ceci, à compter du 14 mars. Il succèdera dès lors à Michelle Johnston Holthaus qui elle, a été réaffectée au poste de directrice générale du Client Computing Group (CCG) d’Intel.
Avant d’être appelé à rejoindre le personnel d’Intel, Christoph Schell était directeur commercial dans la compagnie HP où il a déjà fait ses preuves. Fort de son expérience dans la mise en œuvre de stratégies innovantes, Pat Gelsinger estime qu’il fera un bon leader pour développer les marchés traditionnels de la compagnie, mais également pour accélérer son entrée sur de nouveaux.
En tant que directeur commercial, C. Schell aura comme mission de superviser les équipes de ventes, de marketing et de communication d’Intel à l’international. Il devra concentrer les efforts de l’entreprise vers des approches novatrices aux fins d’élargir ses opportunités commerciales. Dans l’exercice de ses fonctions, il sera tenu de rendre des comptes directement au PDG, Pat Gelsinger.
Le nouveau venu a fait part de son enthousiasme à rejoindre l’équipe de direction dans une déclaration et plus particulièrement à un moment décisif de son histoire. Pour lui, Intel représente une entreprise essentielle à l’industrie technologique et la voir revenir à ses racines est passionnant et il compte bien contribuer à créer plus de valeur et d’opportunités pour les clients et partenaires du monde entier.