Dans un communiqué le 30 août sur son site web, l’Autorité française de la concurrence a rendu sa décision concernant Nexity et la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Ces deux sociétés veulent en effet prendre de façon conjointe le contrôle de l’entreprise Miniburo qui fournira des espaces de travail partagés en île de France. C’est aussi l’occasion pour l’institution d’identifier pour la première fois un marché pertinent dans ce segment d’activité.
Feu vert à l’opération Miniburo
Nexity, l’un des spécialistes français de l’immobilier et la Caisse des dépôts et consignations, établissement public chargé de soutenir les politiques publiques mises en œuvre par l’État et les collectivités locales ont décidé de piloter ensemble la société Miniburo. Dans leur requête adressée à l’Autorité de la concurrence pour obtenir son accord, les deux partenaires ont estimé que l’activité qu’ils envisagent de mettre sur pied, à savoir la mise à disposition d’espaces de travail partagés, ou espaces de « co-working » pour les Franciliens, peut être considérée comme de la gestion d’actifs immobiliers. Une telle classification n’aurait en effet pas nécessité un examen poussé de l’Autorité dans le cadre du projet de concentration de Nexity et de la CDC. Pourtant c’est à cela que s’est résolue l’Autorité française de la concurrence en lançant il y a trois mois, le 30 juin 2021, une consultation publique.
« L’Autorité s’interroge sur l’existence d’un marché spécifique de la fourniture de services de travail partagé, distinct des marchés du secteur de l’immobilier qu’elle a précédemment identifié », a indiqué le communiqué publié alors par l’institution, appelant entre autres les Très Petites Entreprises (TPE), les start-ups et télétravailleurs, à répondre à son test de marché.
Selon l’Autorité en effet, il existe jusqu’alors plusieurs marchés de l’immobilier selon les destinataires des services, qu’il s’agisse de particuliers ou entreprises, ou le mode de fixation des prix (immobilier résidentiel libre, les logements sociaux ou intermédiaires). À cela s’ajoutent le type d’activité exercée dans les locaux (bureaux, locaux commerciaux et autres locaux d’activités) ou la nature des services ou biens offerts.
Pour ce dernier point, on distingue notamment la gestion d’actifs immobiliers pour compte propre ou la gestion d’actifs immobiliers pour compte de tiers, les catégories auxquelles se réfèrent Nexity et la CDC. Au terme de son enquête et de son évaluation, l’Autorité de la concurrence affirme pourtant avoir identifié un nouveau marché pertinent, correspondant réellement à l’offre future de Miniburo. La mise à disposition d’espaces de co-working intègre en effet les caractéristiques d’un « marché pertinent », avec des prestations qui se distinguent des autres déjà disponibles. L’Autorité a donc approuvé l’opération, en écartant « tout risque d’effet anticoncurrentiel ».
Nexity et son engagement ESG
Le sigle ESG se décline comme Environnement, Social et Gouvernance. Il se rapporte aux trois principaux critères qui permettent d’évaluer le caractère durable d’un investissement. Véronique Bédague, qui officie en tant que directrice générale de Nexity, a expliqué la place que l’ESG joue dans les activités de sa société. Selon elle, Nexity est un pionnier de la ville bas carbone en France, ceci dans le but de soutenir l’objectif de l’humanité visant à limiter la hausse du réchauffement climatique à 2 °C d’ici la fin du siècle.
L’action de la société dans ce domaine s’articule notamment au niveau de la réduction des émissions de CO2, l’un des gaz à effet de serre. D’ici 2030, Nexity veut en effet d’une part réduire de 22 % ses émissions de CO2 par mètre carré livré à ses clients, et d’autre part diminuer de 28 % les émissions directes, mais aussi indirectes de CO2 en rapport avec la consommation d’énergie fossile. Il faut noter que ces deux objectifs sont fixés en tenant compte des niveaux d’émissions de 2019.
En ce qui concerne la ville inclusive, « inscrite dans l’ADN de Nexity », selon sa directrice générale, la société participe à la rénovation urbaine dans les quartiers et fournit des logements sociaux à coûts maîtrisés. En 2018, Nexity a aussi lancé un modèle économique dénommé Nexity Non Profit, ce qui signifie littéralement que cette action ne génère pas de bénéfices. Cette stratégie a permis à la société de fournir par exemple des logements pour les personnes défavorisées et de mettre des logements privés vacants à disposition. Nexity a aussi ouvert des centres d’hébergement d’urgence. Toujours au niveau social, la société est très féminisée au niveau de la direction avec plus de 50 % de femmes dans le comité exécutif.
Consciente que la responsabilité sociale des entreprises et leurs engagements ESG font partie depuis quelques années de critères importants aussi bien pour les investisseurs que les clients, Nexity s’est donc dotée de solides arguments de vente. Le groupe a affiché ainsi un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros en 2020, et s’est classé la même année comme 1er maître d’ouvrage de l’Association pour le développement du Bâtiment Bas Carbone.
L’offre Nex’ToYou pour séduire les investisseurs
Dans le but de gagner davantage de parts de marché et d’accroître son influence dans le paysage immobilier français, Nexity a lancé en juillet dernier une nouvelle offre destinée à séduire les investisseurs institutionnels. Il s’agit de Nex’ToYou, une offre de property management résidentiel, qui correspond en fait à la gestion de l’immobilier résidentiel. Associant l’expertise de ses filiales Nexity Property Management et Nexity Grands Investisseurs Privés, elle propose aux investisseurs privés d’améliorer le rendement de leurs actifs.
Pour y arriver, Nexity mettra en œuvre des stratégies incluant entre autres la rapidité de la relocation, la réduction de la vacance, mais aussi l’amélioration du recouvrement, l’optimisation des valeurs locatives, la réduction des charges et des budgets des travaux et enfin la réduction des délais d’exécution des travaux. Nexity indique en outre que l’offre en question sera indexée sur la performance du service, une première sur le marché précise-t-elle.
« Avec cette offre enrichie inédite sur le marché, le Groupe démontre à nouveau sa capacité à répondre aux évolutions du secteur de l’administration de bien et aux enjeux des investisseurs institutionnels », s’est félicité Nexity.
Notons que la société met les 284 agences de ses deux filiales impliquées dans l’offre, à disposition des clients intéressés.
Pour rappel, Nexity a réalisé un chiffre d’affaires de 2,06 milliards d’euros pour les six premiers mois de 2021, en hausse de 32 % en glissement annuel. Dans le même temps, le bénéfice net s’est établi à 77 millions contre 23 millions un an plus tôt. Avec ces bons résultats, la société maintient ses objectifs pour l’année en cours et vise notamment un chiffre d’affaires de 4,4 milliards $, malgré les activités cédées.
« Après le choc de la crise sanitaire de 2020 et ses conséquences toujours prégnantes, le premier semestre 2021 a été une période de construction intense pour Nexity […] Nous sommes désormais en ordre de marche pour accélérer notre transformation afin d’accompagner les grands changements à l’œuvre chez nos clients et de réinventer la vie ensemble dans la ville de demain », a déclaré Véronique Bédague, DG de Nexity.