Aux États-Unis, le groupe Verizon a annoncé qu’il compte déployer la technologie 5G dans 10 nouvelles villes situées dans neuf différents États au cours de ce mois. L’annonce intervient quelques semaines après l’obtention de nouvelles fréquences à travers le pays. Cela démontre la rapidité du déploiement de cette nouvelle technologie au pays de l’Oncle Sam. Pendant ce temps, où en sont les opérateurs télécom en France ?
Une avancée fulgurante aux US
Villes connectées, véhicules autonomes, les promesses de la 5G sont nombreuses et justifient l’engouement que la technologie suscite. Les États-Unis ont tenu à faire partie des pionniers et grâce notamment au dynamisme d’AT&T, de T-Mobile et de Verizon.
Après avoir ouvert son tout premier réseau 5G en avril 2019 avec la technologie mmWave, Verizon a accéléré ses efforts l’année dernière et voit déjà son travail couronné de succès. La société a en effet lancé la technologie 5G à l’échelle nationale en octobre dernier, touchant environ 200 millions de personnes dans 1 800 villes et villages. Il s’agit alors du service 5G Nationwide qui utilise la technologie Dynamic Spectrum Sharing (DSS), plus performante que la mmWave.
Cette annonce est intervenue en même temps que la présentation de l’iPhone 12 compatible à la 5G et qui, selon certains experts, avait besoin de l’excellente couverture offerte par le DSS. À cette occasion, Verizon a d’ailleurs proposé des offres impliquant des iPhone 12 en échange d’un abonnement illimité à la 5G. Il faut aussi souligner qu’en décembre, ce service 5G Nationwide a touché 24 millions de clients supplémentaires. Cela a porté le nombre d’Américains servis à 230 millions dans plus de 2 700 villes.
« Nous avons terminé l’année 2020 avec 2 700 villes dotées d’un service 5G à l’échelle nationale desservant 230 millions de personnes, 61 villes dotées d’un service Ultra Wideband et 12 villes ayant accès à notre service 5G Home ; et nous ne ralentissons pas », commente alors Kyle Malady, responsable du service technologie chez Verizon.
C’est cette stratégie agressive que la société poursuit désormais avec les nouvelles villes qui seront connectées ce mois-ci. Par ailleurs, il faut savoir que cette stratégie est portée par des investissements importants, en témoigne la dernière en date. À l’occasion de la dernière vente aux enchères organisée par l’autorité américaine de la concurrence (FCC), Verizon a en effet dépensé pas moins de 52,9 milliards de dollars pour acquérir des fréquences dans le spectre de bande moyenne (bande C) pour la 5G.
Ces fréquences offrent en effet un excellent compromis entre couvertures réseau de qualité et le très haut débit. Verizon veut rendre ce service particulier disponible pour 100 millions de personnes au cours des 12 prochains mois. À moyen terme, c’est-à-dire entre 2022 et 2023, la couverture réseau devrait ensuite atteindre plus de 175 millions, avant de s’établir à plus de 250 millions dès 2024 et au-delà. Toutefois, ces diverses réussites auraient-elles été possibles sans l’influence de Donald Trump ?
La guerre de la 5G
Entre 2017 et 2018, c’est le leader mondial de la 5G, le Chinois Huawei qui est pressenti pour déployer la technologie aux États-Unis. Cependant, le groupe est stoppé dans son élan par le président d’alors Donald Trump, qui l’exclut de cette technologie sur le sol américain. Cela profitera donc à AT&T et autres Verizon. Un contrat de 6,6 milliards de dollars a ainsi été confié au géant sud-coréen Samsung, pour le déploiement de la 5G de Verizon aux États-Unis.
Ensuite, l’ancien chef d’État américain a conseillé puis menacé ses alliés européens de ne pas avoir recours au géant asiatique pour déployer la 5G. Trump craignait en effet que la société réputée très proche du pouvoir en place à Pékin partage les informations qui transiteront par ses antennes 5G avec les autorités chinoises. Le mot d’ordre a été suivi et plusieurs pays européens dont le Royaume-Uni, l’Italie et dans une moindre mesure la France, ont exclu Huawei du déploiement de la 5G sur leurs territoires. Cela a-t-il eu un impact sur la rapidité du déploiement de la technologie en France ?
Free, une nouvelle fois à l’offensive !
En France, la construction du réseau 5G devrait prendre 10 ans. Si SFR fut le premier à activer un réseau à très haut débit à Nice fin novembre 2020, l’opérateur est suivi très rapidement par Bouygues Telecom, Orange et Free. Suite aux deux différentes enchères publiques organisées en 2020 par l’ARCEP pour attribuer les fréquences 5G dans l’Hexagone, quatre opérateurs télécom sont repartis avec les lots d’un total de 310 MHz dans la fameuse bande des 3,5 GHz.
Il s’agit en premier du groupe Orange qui a obtenu 90 MHz, suivi de SFR (80 MHz), puis des sociétés Bouygues Telecom et Free qui sont reparties chacune avec 70 MHz. Si Orange, considéré comme le leader incontesté de la téléphonie mobile en France a démontré une nouvelle fois sa supériorité durant ces joutes, le groupe Free veut jouer les premiers rôles auprès des consommateurs. Il a en effet pris la décision unique parmi les opérateurs de proposer ses forfaits 5G aux mêmes prix que ceux de la 4G.
Pour rappel, la société de Xavier Niel avait déjà adopté cette stratégie, payante, au moment du passage à la 4G il y a quelques années. De plus, la maison mère de Free, Iliad, est décidée à obtenir davantage de parts de marchés au niveau des offres dédiées aux entreprises, une branche actuellement dominée par SFR et Orange. Il faut souligner que, selon les chiffres de l’ARCEP au 31 janvier 2021, l’opérateur est celui qui détient le plus grand nombre de stations 5G en France avec un total de 6273 sites.
Malgré cette stratégie agressive, il faut noter que le géant Orange continue de maintenir sa supériorité dans les domaines du haut débit au niveau de la 4G et de la 5G au sein de l’Hexagone. Selon les derniers tests, la société offre en effet le meilleur débit pour la 5G. Il faut dire aussi que son concurrent Free utilise largement les bandes de 700 à 800 MHz qui ne sont pas l’idéal pour la 5G. Bouygues et SFR sont quant à eux à l’affût.
En ce qui concerne le calendrier de déploiement de la 5G en France, chaque opérateur devra déployer 3 000 sites d’ici 2022, puis 8 000 pour 2024, année d’organisation des JO. À cet effet, les sites olympiques devront être couverts en 5G. Une nouvelle bande (1,5 GHz) devrait être également lancée pour la 5G en 2023.