En juillet 2020, Tesla devenait le constructeur automobile le plus important au monde, battant des géants de l’industrie comme General Motors, Toyota et Volkswagen. Le prix des actions de Tesla a continué son ascension au cours des six mois suivants, pour finir l’année en hausse de 700 % sur l’année.
Ce qui est intéressant, c’est que les ventes de véhicules Tesla sont faibles par rapport aux autres constructeurs automobiles. Penchons-nous donc sur ce qui porte cette ascension de Tesla.
Qu’est-ce qui pousse les actions Tesla à la hausse ?
Bien que les chiffres exacts ne soient pas encore publiés, Tesla prévoit qu’il aura vendu 500 000 voitures dans le monde au cours de l’année 2020. Toutefois, les ventes totales de voitures aux États-Unis seulement devraient s’élever à environ 14,3 millions d’unités en 2020. Cela signifierait que Tesla ne représente qu’une petite partie des ventes totales de véhicules, et pourtant sa capitalisation dépasse celle des géants traditionnels du secteur.
Il est clair que ce ne sont pas les ventes de véhicules qui font monter en flèche les actions de Tesla, mais plutôt une combinaison d’améliorations technologiques, un modèle commercial complet et un environnement réglementaire favorable.
Les batteries Tesla sont plus performantes
Au cœur de tout véhicule électrique (VE) se trouve la batterie. Par conséquent, la tâche la plus ardue des fabricants de VE est de concevoir et de créer une batterie plus puissante pour battre la concurrence. En ce sens, Tesla est le grand gagnant en matière de technologie de batteries et continue à s’améliorer. Cet avantage dans la technologie pourrait avoir beaucoup plus d’applications au-delà des VE, ce qui rend Tesla plus attrayant qu’un simple constructeur automobile.
En septembre 2020, Tesla a dévoilé ses nouvelles batteries avec des cellules 4680 qui équiperont ces futures VE. La conception de ce modèle permet de stocker 5 fois plus d’énergie et de fournir 6 fois plus de puissance. Ensemble, ces facteurs impliquent une augmentation de 16 % de l’autonomie, une diminution du temps de recharge et une amélioration des performances thermiques.
Tesla a également abandonné l’utilisation du cobalt au profit de cathodes à haute teneur en nickel, réduisant ainsi le coût de production de 56 % sur la base du coût par kilowatt-heure. De plus, le nickel est plus facile à obtenir que le cobalt, que l’on trouve généralement en République démocratique du Congo, ce qui permettrait à Tesla d’augmenter la production de batteries.
Lorsque les analystes d’UBS ont comparé les batteries de Tesla à celles de 7 autres fournisseurs de VE tels que Volkswagen, Toyota, GM et BMW, ils ont constaté que Tesla était en tête du point de vue technologique. Les analystes ont déclaré que Tesla le restera probablement pendant encore plusieurs années.
La fabrication de batteries est le principal obstacle auquel sont confrontés d’autres constructeurs automobiles tels que Toyota. Plutôt que de concurrencer Tesla, Toyota a choisi de pousser les véhicules hybrides. En effet, le constructeur estime que les ressources nécessaires à la création d’un seul VE pourraient permettre de fabriquer jusqu’à 25 véhicules hybrides.
Actuellement, Tesla possède deux « Giga » usines de production, une dans le Nevada et une à Shanghai, et une troisième est en cours de développement à Berlin. Son projet est d’avoir une grande usine sur chaque continent pour augmenter la production et livrer les voitures plus rapidement.
Une réglementation favorable aux fabricants et aux conducteurs de VE
Alors que de plus en plus de pays tentent d’être plus efficaces dans la réduction des émissions de carbone, ils mettent en œuvre des politiques favorables telles que des subventions aux fabricants de VE. Ces politiques ont permis à Tesla de se développer plus rapidement que tout autre constructeur automobile, puisque la société a essentiellement donné le coup d’envoi de la tendance des VE.
En outre, les utilisateurs de VE bénéficient de nombreux avantages sous forme d’allégements fiscaux, ce qui a stimulé la demande pour ces voitures. En 2020, une grande partie de la demande est venue de Chine suite au lancement de l’usine Tesla à Shanghai au début de l’année. La demande ne fait que croître, et de nombreux investisseurs misent sur ce fait.
Inclusion dans l’indice S&P 500
Tesla a annoncé pour la première fois le 16 novembre qu’il serait ajouté à l’indice S&P 500 au 21 décembre 2020. Au cours des 5 semaines suivantes, comme les investisseurs avaient prévu cette éventualité, les actions de Tesla ont augmenté de 70 %, avec un ajout de 40 milliards de dollars en capitalisation boursière le 18 décembre, dernier jour de cotation avant son intégration dans l’indice. L’inclusion dans le S&P 500 est un signe positif pour la société et les investisseurs et cela s’est reflété sur son action.
Est-ce tout cela suffisant pour encore progresser en 2021 ?
Depuis la création de la société, Tesla suscite autant de critiques que d’éloges. Compte tenu des facteurs susmentionnés, il semblerait que ses actions devraient au moins se stabiliser en 2021, mais il y a aussi quelques points à prendre en compte.
D’une part, Tesla n’est pas sans concurrence. La concurrence la plus importante vient de Volkswagen (VW) qui a engagé 33 milliards d’euros sur 5 ans pour améliorer la fabrication de ses VE. VW est déjà un grand constructeur automobile et semble tout mettre en œuvre pour s’imposer sur le marché des VE. Grâce à cet énorme investissement, il est possible que VW puisse proposer des technologies qui égalent celles de Tesla dans les mois à venir.
En outre, Apple aurait l’intention de se lancer dans la fabrication de VE. Avec des poches encore plus profondes que celles de Tesla, cela pourrait constituer une réelle menace, même si cela ne devrait pas se produire avant plusieurs années.
La hausse des actions Tesla en 2020 a transformé de nombreux investisseurs en millionnaires, qui se désignent maintenant comme des « Teslanaires ». D’autre part, certains investisseurs estiment que l’action est surévaluée. Dans une note publiée par JPMorgan en décembre, l’institution estime que Tesla est « dramatiquement surévalué » et connaîtrait une sévère correction en 2021.